Guilde des Freres du Royaume Tellurique
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Le réveil des Telluriques

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Le réveil des Telluriques Empty Le réveil des Telluriques

Message  Imiria Lun 18 Avr - 22:39

Le réveil du dragon de feu

- Qui la demande ?

Le moine avait parlé d’une voix forte, autoritaire, sur ce ton sec et cassant qui autrefois faisait trembler même les puissants. Bien des lustres avaient passé depuis que ses armes prenaient la poussière sur le râtelier d’or. Personne ne devait plus se souvenir de lui, chef des armées de Cantha et formateur des recrues pour le compte de l’Empereur. Mais sa prestance demeurait malgré ses tempes grises et les rides d’inquiétude qui burinaient son visage. Debout sur le perron il attendait la réponse, prêt à envoyer bouler la rôdeuse indésirable, comme il avait déjà repoussé tous les autres.

La femme s’éclaircit la gorge, impressionnée. Elle avait très peu connu le moine, malgré la protection qu’il accordait à sa famille. Devant elle les tatouages rouges et bleus d’Asturia semblèrent prendre vie, menaçants et hostiles. Il ne la reconnaissait pas.

- Sa fille, Isialle, Isialle Lynn.

Elle lut tout d’abord la surprise dans les yeux du puissant moine, puis vint le désarroi, et l’inquiétude enfin. Il réalisait qu’il ne pourrait renvoyer la rôdeuse, pas comme il avait éloigné Ming, Nekros, Mala... Il essaya cependant.

- Elle se repose, ne veut voir personne. Ne comprends-tu pas les sacrifices qu’elle s’efforce d’oublier, que chaque instant, chaque reflet du miroir, chaque mouvement peuvent la mettre à la torture ?

Accessible seulement par canot, la vaste demeure trônait au sommet de l’îlot boisé. Parmi les chants d’oiseau, le bruissement de l’eau vive, le gémissement des branches sous la brise, un craquement régulier trahissait la présence humaine. Isialle pris le temps d’observer, d’écouter, de sentir les bruits et de les isoler. Puis elle planta son regard bleu acier dans celui du moine.

- Elle ne dort pas. Dites lui que l’Empire rappelle les anciens, que sa guilde a besoin d’elle.

Elle marqua une pause, puis ajouta du ton sourd et grave que le vent porte si bien :
- Dites lui que sa fille a besoin d’elle.

Asturia frémit, conscient que les paroles d’Isialle avaient porté jusqu’à la terrasse, de l’autre coté de la demeure, là où le soleil levant éclairait de sa pâle lueur une chaise qui se balançait. Le discret grincement cessa, et il se sut vaincu.

- Suis moi, dit-il en empruntant le large balcon qui menait au coté Est.

Il pénétra sans un mot dans la maison, laissant Isialle seule, debout derrière la large fauteuil basculant, face au soleil. Le fauteuil tourna, lent, mu par un mécanisme invisible. La rôdeuse plissa les yeux sans parvenir à distinguer la frêle silhouette sanglée au dossier.

- Mère ?

Le temps avait passé, l’époque disparue de la chute d’Abadon le Dieu Maudit, de la défaite de la guilde des Seigneurs, de la quête de Ming, de la lutte contre le Fantôme, de la déchéance du titre de Frères et de la retraite d’Imiria. Sa mère lui en voulait-elle encore ?

- Viens donc m’embrasser Isialle, je suis si heureuse de te revoir.

La rôdeuse se détendit, sourit et se blottit contre le corps si mince et fragile de l’ancienne Elémentaliste. Elle prit le temps de sentir sa chaleur, de s’imprégner de son odeur et, délicatement, de goûter une des larmes de joie qui coulaient sur la joue de la vieille femme.

Puis elle s’assit et raconta. Elle dit à Imiria le renouveau Zaichen, l’armée désœuvrée envahie de marchands, l’Empire désintégré, les héros oubliés. Elle décrit le déclin des Telluriques, la désertion des anciens, le reniement des valeurs, puis le retour de Syakalyl et sa prise de pouvoir. D’après les augures, le crépuscule des hommes approchait et bientôt toute trace de leur grandeur aurait disparu.

Mais il restait un espoir, une minuscule flamme qui pouvait passer la nuit et, un jour peut-être, éclairer de nouveau le monde. Cette flamme, cette lueur, c’était celle du souvenir, de la fierté, de la gloire des temps anciens. Elle devait traverser le temps, intacte, et renaître après trente générations. Les Dieux donnaient à chacun un panthéon sacré, un sanctuaire pour que les exploits des anciens tracent le chemin des générations futures. Tel était la demande des Dieux. Tel était le devoir des combattants de la guerre des guildes.

- Les dieux ont donc besoin de nous, une dernière fois... Dwayna aussi ?
- Oui mère, Dwayna aussi, plus que tout autre peut-être.
- Mais qui viendra ? Qui répondra à l’appel ?

Isialle marqua le coup, consciente de la demande de l’élémentaliste, de sa supplication muette. Elle décida de ne pas mentir.

- Certains anciens Frères seront présents, peut-être des Veilleurs, mais pas les Seigneurs de Dwayna. Enfin, je ne pense pas. Et non pas lui, il ne viendra sans doute pas... Mon père ne viendra pas.
- Alors à quoi bon, demanda Imiria un léger sourire au coin des lèvres. Que peut apporter une élémentaliste impotente et dépassée à ses compagnons ? J’ai abandonné, tu sais Isialle ?
- Non mère. Personne ne peut dire cela, car personne n’aurait tenu la plage des Seigneurs aussi longtemps que vous. Vous avez tort, vous n’avez pas abandonné. Et tous le savent. Imiria Lynn n’abandonne jamais, ajouta-t-elle avec un clin d’œil complice.

La vieille femme sourit, puis regarda ostensiblement les liens qui l’empêchaient de tomber de son fauteuil.

- Il faudrait un miracle pour que je retrouve un semblant de force Isialle.

Asturia choisit ce moment pour sortir de l’ombre. Il posa sur la table un long objet enroulé dans la soie la plus précieuse. Il hésita un moment. Sa main tremblante essuya d’un revers la goutte salée au coin de son oeil puis défit les cordons. Le tissu desserré libéra un grand bâton vert surmonté d’une flamme morte.

- Je l’avais gardé, Imiria.

Isialle recula. Elle pensait le Koosun détruit ou volé, l’arme du Dragon de feu perdue à jamais. Elle connaissait sa perfidie, elle savait ce qu’il pouvait changer dans le cœur des hommes, ce qu’il pouvait donner et ce qu’il pouvait prendre. Elle se rassura cependant : la flamme était noire, sans vie après si longtemps. Personne ne pourrait la rallumer.

- C’est inutile Asturia. La guilde a gardé son Amadis, son Arbor, son ... oui, même son Galigord. Ma mère a tout ce qu’il lui faut pour redevenir une combattante.

Le murmure à peine audible d’Imiria glaça le sang de la rôdeuse.

- Oui... j’ai tout ce qu’il faut...

Les doigts de l’élémentaliste se tendirent . Elle les amena aussi loin qu’elle le put, presque à toucher l’arme. L’effort marqua son visage et, bien que liée à la nature, Isialle sentit la trame des éléments se distordre. Imiria appelait le Bâton. Elle puisait dans des réserves insondables, là où peu osent envoyer leur esprit.

- Pas possible, s’exclama la rôdeuse.
- Si, renchérit le moine. Leur lien est si fort que je n’ai jamais douté qu’elle le réveille. Hélas.

De noire et figée, la flamme du Koosun devint brillante, puis éclatante, puis vivante. Le bâton sauta dans la main de l’élémentaliste, comme mu par une volonté propre. Les liens de cuir du fauteuil commencèrent à fumer avant de se consumer. La magicienne se leva, pour la première fois depuis des années. Ses pieds effleuraient à peine le sol, et dans ses yeux dansait le feu de l’Arme Dragon.

******

Perchée sur une large branche, un jambe pendante et l’autre repliée sous elle, une femme rousse très peu vêtue portait à l’épaule un immense arc de bois vivant. Le bandeau qui lui couvrait les yeux laissait deviner un visage buriné et quelques rides naissantes. Sans la présence du tissu, on aurait pu discerner l’image d’une forêt enchantée dans son regard.
Alors que mère et fille s’éloignaient de la demeure d’Asturia, elle lança d’une petite voix joyeuse :

- Tiens donc, ça y est enfin. Imiria Lynn est de retour.



Dernière édition par Imiria le Mar 19 Avr - 16:43, édité 1 fois
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Message  Imiria Lun 18 Avr - 22:43

Retour à la Forteresse

- Cinquante marches ? Tant que ça ?
- Oui mère. Chaque famille peut construire cinquante marches de gloire pour que son panthéon traverse le temps et redonne l’espoir à ses descendants. Mais nous pouvons nous contenter de moins savez-vous ?
- Si les Dieux demandent tant, ils doivent avoir une raison. Alors nous leur obéirons, n’est-ce pas ?

Isialle détourna les yeux, troublée, dérangée par la flamme démoniaque qui éclairait le regard de l’élémentaliste. Elle se pencha sur leur petit feu de camps et rajouta quelques branches mortes, plus pour se donner une contenance que par nécessité. La lueur du Dragon lui devenait insupportable.

- Et combien en avons nous, interrogea l’élémentaliste à peine consciente du trouble que sa fusion avec le bâton provoquait ?
- Une trentaine environ, marmonna la rôdeuse, un peu plus peut-être. Mais vos combats ont déjà construit les plus hautes marches.
- Et bien nous finirons ensemble Isialle.

La rôdeuse se figea. Avait-elle réellement entendu ce léger bruit, une brindille cassée, une feuille sèche écrasée ? Aucun des deux compagnons qui montaient la garde ne broncha. Elle tendit l’oreille, immobile, réceptive aux moindres souffles des respirations. Son brusque silence alerta les guetteurs qui scrutèrent la nuit noire à la recherche de présences hostiles. Imiria sourit.

- Si tu as détecté sa venue, c’est qu’elle a voulu que tu l’entendes murmura-t-elle.

Isialle s’étonna du large sourire arboré par sa mère. Comprenait-elle encore les dangers de la lande, les pièges des forêts ? Serait-elle devenue sénile ? Ou pire encore, possédée par le Koosun au point de négliger toute sécurité ? Elle saisit son arc d’un geste lent et y glissa une flèche.

- Range moi ça s’il te plait, ordonna sa mère d’une voix douce. Et vous aussi, enchaîna-t-elle pour les guetteurs, il n’y a pas de danger.

L’élémentaliste, toujours joyeuse, se tourna vers la lisière du bois et, appuyée sur le Koosun, s’adressa au mur d’ombres qui dansait sous une légère brise.

- Viens sœur, approche sans crainte, et cesse de t’amuser avec eux je te prie.

Soudain visible la où rien n’existait un instant avant, la rôdeuse à l’arc vivant avança dans la lueur du feu. Aucun bruit, même infime, n’accompagnait sa marche. Ses longs cheveux roux emmêlés, parsemés de brindilles et de fleurs, reflétaient les flammes qui dansaient dans les yeux d’Imiria. Leurs bras s’ouvrirent et les deux femmes s’enlacèrent longuement, sans un mot. Et quand elles se séparèrent, chacune s’installa de façon à protéger l’autre en cas d’attaque. Non pas qu’elles craignaient un danger immédiat, mais simplement parce que l’habitude et la confiance avaient survécu aux années de séparation.
Selene Swiftarrow rompit le plaisir silencieux des retrouvailles la première.

- Au fait, j’ai un truc pour toi, de ma part et de celle du nouveau maître des Telluriques.

Imiria fronça un sourcil tout en relevant un coin de lèvre. Les cadeaux de Selene pouvaient être somptueux ou bien insignifiants mais ils venaient toujours du cœur et savaient toucher le sien. Un bout de tissu roulé en boule émergea d’une poche dont ne pouvait deviner la présence. Selene le secoua d’un air gêné et effaça quelques plis avant de tendre l'étoffe.

- Heu tiens, marmonna la rôdeuse, ton bandeau.

L’élémentaliste prit l’objet enchanté avec délicatesse, le défroissa, avec soincette fois, puis le plia avec lenteur, presque avec respect. Elle l’appliqua sur ses yeux et le noua sous sa coiffe. Isialle soupira d’aise. Derrière le précieux tissu, le reflet de l’arme dragon resterait invisible maintenant. La jeune rôdeuse sentit une pointe de jalousie la titiller. Solitaire, peu sociable, elle n’avait jamais connu pareille complicité. Pourrait-elle un jour, enfin, se rapprocher de sa mère ?

- Alors Selene, raconte ? Quelles nouvelles des Telluriques ? Ont-ils décidé de répondre à l’appel des Dieux ?
- Les Telluriques... l’esprit des frères avait disparu depuis bien longtemps, commença la rôdeuse le regard dans le vague. J’ignore bien pourquoi je suis restée après ta retraite forcée.
- Il ne faut pas en vouloir aux chefs, bredouilla Imiria. Je ne suis pas exempte de reproches.
- Peut-être, mais il y a du nouveau : Syakalyl est revenu, et il a pris le pouvoir. D’ailleurs il te rappelle, te rend ton grade et ton rang. Bienvenue chez les Telluriques, conclue Selene.

Elle tendit à la magicienne la bague des Telluriques, celle qui avait connu la grande victoire des Frères, la chute de Mallyx le redoutable. Imiria accepta le présent, reconnaissante à Syakalyl de sa confiance renouvelée. Puis elle sourit de cette alternance : à nouveau, un élémentaliste prenait la tête des Frères.

- Donc nous sommes quatre si je compte bien, quatre à avoir répondu à l’appel.
- Bah non, répondit Selene avec malice, pas tout à fait. Quelques anciens nous rendent visite maintenant. Et devine ? Axal et April sont revenus.
- Axal et April, répéta Imiria. Je serai heureuse de les revoir. Nous avons tant de combats glorieux en commun.
- Et aussi Calli, et même un nouveau rôdeur, Clum.
- Un de plus, ironisa la magicienne. Et Calli aussi? Sa puissance nous sera bien utile, comme toujours. Nous sommes donc au moins huit, et les meilleurs. Peu nous résisteront.

La rôdeuse fit une pause, ménagea son effet avant d’ajouter d’un ton badin :

- Au fait, il y en a une de plus, une rôdeuse encore, ça ne va pas te plaire tous ces arcs qui visent tes fesses.
- Ils visent surtout celles de Calli, ironisa Imiria. Une nouvelle recrue ?
- Pas tout à fait... Vick est revenue.

La bouche de l’élémentaliste s’ouvrit grand, en une grimace disgracieuse tant son étonnement était immense. Vick, la petite rôdeuse ! Vick, la légende vivante ! Vick était de retour. Elle referma la bouche, brusquement consciente de son ridicule.

- Alors, personne ne pourra nous arrêter. Les Telluriques sont de retour !







Dernière édition par Imiria le Mer 20 Avr - 22:53, édité 4 fois
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Message  Syakalyl Defererith Mar 19 Avr - 15:46

« Présenteeeez… Armes ! Saluez ! »

La voix de stentor retentit haut et fort le long des contreforts granitiques de corridors. Une rangée ininterrompue de soldats se tenait au garde-à-vous, tous vêtus d’une armure rutilante noire et argent, arborant fièrement le phénix stylisé luttant contre un dragon. Telle était la manière de ces dévoués frères et sœurs du Royaume d’afficher leur loyauté et leur confiance en l’homme qui parcourait leurs rangs, s’acheminant vers le quartier de l’état-major en compagnie de deux archères et de silhouettes disparates.

Un chant solennel, aussi profond que les entrailles de la Terre elle-même, commença à s’élever, repris progressivement en cœur par des centaines de combattants.

L’objet de cet hymne avançait d’un pas ferme et décidé, trahissant l’extrême résolution de l’homme dans chacun de ses choix. Son armure caparaçonnée était laquée de noir et décorée de bandes d’argent scintillantes, le tout irradiant un éclat d’obsidienne d’outre-monde. Par contraste, sa peau, ses traits et ses cheveux clairs semblaient trop fins, trop aristocratiques. Son visage affichait toujours la même allure d’éternelle jeunesse, presque immature. Mais la démarche et le regard étaient l’apanage du héros aguerri.

Gravissant quelques marches, Syakalyl pénétra enfin dans une immense pièce sans fenêtre, éclairée par le feu d’une cheminée monumentale, et occupée en grande partie par la table démesurée qui trônait en son centre, en roc taillé d’un seul bloc par la puissance de la magie tellurique.

Syakalyl avisa d’un œil distrait les restes de toile d’araignée oubliées par les serviteurs, et nota avec malaise, comme un signe funeste, la présence de plusieurs livrées de domestiques teintées de vert, entassées dans un coin. Il posa sa canne au pommeau ciselé de gravures argentées contre le dossier du fauteuil central, à portée de main.

« Alatymia, Alana, au rapport, mes Chiennes de Guerre. »

Les deux jeunes archères, aussi semblables de traits que disparates de vêture, s’approchèrent dans un même mouvement fluide d’une parfaite synchronicité, pour déposer un tas de parchemins sur la table. Calant l’un d’eux en posant son arc sur un coin, Alatymia débita son exposé d’un ton monocorde et glacial, qui évoquait les épaisses fourrures qu’elle portait.

« Nous progressons chaque jour, Seigneur. Mais non sans mal. L’hégémonie séculaire de Mirhandil a ancré des habitudes tenaces, et il était aimé du peuple. Il ne sera pas facile de révolutionner le Royaume en un jour. »

« D’un autre côté », la coupa Alana, au tempérament aussi léger et chaleureux que sa tunique de rôdeuse était taillée pour l’été, « nous avons de nombreux atouts dans notre manche. Dame Lila Lyverlyl, votre épouse, avait formé l’essentiel des soldats. Tous l’appréciaient plus que tout, et étaient prêts à la suivre en enfer. Isyan de Nordrin, notre éminent maître stratège, n’a rien perdu de son don inné. Et il vous est totalement loyal, lui ainsi que toute sa famille. Aileen Elevara, quant à elle, a longtemps occupé la fonction de chapelaine en charge de l’endoctrinement religieux des Frères. Elle n’hésitera pas à mettre son influence à votre service. Quant à vos nombreux contacts auprès des guildes alliées, en qualité d’ancien ambassadeur, ils nous seront d’une précieuse utilité. Et puis, vous nous avez nous, vos gardes du corps. » Le sourire voulu rassurant fut vite étouffé par l’attitude morose du Seigneur Syakalyl, qui s’enfonça dans l’étude des parchemins.

« Alatymia a raison. La situation n’est pas si prometteuse. Nous sommes même au bord du péril. Une fraction seulement des hommes et des femmes du Royaume a accepté de nous suivre et de nous jurer allégeance. On ignore ce que Mirhandil peut encore nous avoir réservé, il était astucieux et il avait de la ressource, en dépit de sa nonchalance étudiée. Il ne doit pas être sous-estimé. Même mon épouse a conservé ses distances depuis les évènements avec Maelin des Trappistes. Son soutien ne sera pas une évidence. Elle peut même nous causer beaucoup de tort, l’histoire l’a prouvé. Isyan est quant à lui accaparé par les défenses souterraines du Royaume contre la marée des Destructeurs. Cedric le Déshérité a échoué dans toutes ses combines. Nous étions maître des ressources et des finances, mais l’indolence de Mirhandil a ruiné le Royaume. Nous ne disposons en l’état que de ma fortune personnelle, qui ne pourra assumer une armée.»

« Quant à mon frère Skecyl… N’oubliez pas qu’il est toujours à la tête du principal réseau d’espions et d’assassins du Royaume. Il a toujours cherché à contrecarrer nos plans, et il peut à tout instant réduire à néant tous nos efforts. »

Devant ce tableau apocalyptique, tous baissèrent la tête, dans un silence oppressant troublé par les craquements du feu de cheminée.

« Il semble que nous ayons enfin obtenu ce que nous cherchions pour le perdre aussitôt. Non, nous aurons besoin de nouveaux soutiens. L’âge ancien n’est plus, il nous faut trouver des rapports de forces inédits. Mais où ? Et surtout, qui ? »

Il tapota des doigts sur la table.

« Avez-vous envoyé à Imiria Lynn et à Selene Swiftarrow ce que je vous avais demandé ? Toujours pas de réponse ? »

Un silence gêné s’ensuivit.

Derrière le feu de cheminée, à un endroit que personne ne songerait à examiner, une silhouette moribonde se tenait, attentive, derrière une fente d’observation camouflée en veinure de marbre. Une respiration sifflante et laborieuse ne troublait pas la vivacité d’analyse du nécromancien.

« Ennfinnn… »
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Message  Calli Mer 20 Avr - 22:09

Le frêle ritualiste arrivait enfin à Cité de Kodash, cité d'or du désert de Vabbi et perle rare du continent. Les rayons illuminaient les peintures noires sur son corps et donnait plus de volume qu'à l'habitude à ses courbes. Le soleil resplendissait sur les vallées environnantes et dessinait de fine ombres longilignes sur le sol. La ville grouillait d'activités, les passant s'affairaient dans les souks, les enfants courraient et jouaient dans la foule, les nobles discutaient des potins et autres sujets dont elle se foutait. Les âmes de la cité paraissaient aux tempérament légers et à la gaieté générale.

Une jeune femme blonde s'approchait de Violet à grandes enjambées, d'un pas disgracieux, simple et sincère. À sa vue elle se ravie. Après tant de temps, son physique n'avait rien de nouveau si ce n'est de profonds sillons sous ses yeux, révélateurs de sa grande fatigue. Chaleureusement, Bridgess enlaça Violet. Son aura pure surprenait toujours cette dernière ainsi que sa ressemblance en taille aux gamins de la ville.

- "Que me vaut cette étreinte Bridg' ?" demanda t-elle intriguée. "Une bise m'aurait suffit."
Elle la repoussais sans grande volonté, ne supportant pas ce genre d'attention et de douceur.

"L'heure est venue. Nous sommes demandés par le royaume Tellurique."
La moniale baissa la tête un instant, une larme coulant sur son visage d'ange, puis elle reprit :

- "Notre aînée a l'obligation de venir contrairement à nous. Tu sais bien qu'elle n'est plus saine d'esprit. Grenth a totalement perverti son esprit et les médecins échouent tous face à ce mal qui la ronge. Je m'inquiète de son cas. Pourra t-elle vraiment répondre à l'appel du Royaume ?"

Un silence s'installa, l'air s'alourdissait rapidement. Une silhouette svelte apparue en haut des marches incrustées de saphirs. La ritualiste sentit un froid glacial dans son corps et un frémissement l'envahit. Le déclin de l'esprit de Calli la laissait sans voix et elle ne put montrer à sa grande sœur qu'un signe de la tête. La présence de Grenth en personne s'imposerait de la même manière. Son aura sombre et puissante imposait le respect des citadins et personne ne se risquait à couper le chemin de la prêtresse. Les pierres précieuses incrustées à sa jupe noire retournaient la lumière sur les poids accrochés à sa ceinture d'obsidienne par d'épaisses chaînes. Ses brassards armés de pointes de métal prolongeaient de longs gants de cuir de jotuns brunis. Ses pieds nus sur le marbre bleuâtre glissaient silencieusement, comme une assassine mais la faux aux reflets violets et démoniaque accrochée dans son dos à son corsets trahissait son air de tueuse à gage pour un air de faucheuse, d'ange de la mort comme dirait les légendes.

Violet tentait de se rassurer. Elle aimait sa sœur, Calli veillait sur elle lorsque leur père trouva la mort tel un scélérat sur la place, pendus publiquement. Très rapidement, les prêtres trouvèrent qu'elle dégageait une forte présence divine. Ils l'initièrent aux écrits religieux. Nombreux se demandent si ces moines s'attendaient à ce que leur prêtresse ressemble à ce qu'elle est aujourd'hui : crainte, fuie, respectée malgré tout.

Elle replaça sa longue natte dans son dos avant d'entrouvrir les lèvres tout en tendant un bout de tissu violacé du bout de ses doigts fins. Elle parla d'une voix claire et forte, qui s'adresse à tout le monde:

- "Votre peur de moi est justifiée. Et je vous délivre du mal que je suis. Il semblerait que des ombres m'aient demandées. Comme vous le savez, j'ai toujours œuvré pour le bien de ma famille et en tant que prêtresse, pour celui de ma cité."

Elle se permit une pause, le temps d'attacher son bandeau devant ses yeux.

- "Et je continue à servir ce peuple que j'aime tant. Votre prêtresse n'est pas morte, elle a juste reçu de Grenth en personne la vue de sa mort. Je ne souhaite à personne de vivre cette expérience. Vous perdriez l'envie de vivre et la folie vous meurtrirait l'esprit."

Calli soupira, puis toujours du même pas, se dirigea vers ses deux sœurs et les prit dans ses bras. La femme aux peintures corporels s'attendait à ce que son âme se retrouve engloutit par celle de Calli dans ce geste de tendresse, mais ce fut un sentiment de sécurité et d'apaisement qui toucha son être. Un sourire se dessina sur les lèvres de son aîné.

- "Je joue bien la malade n'est-ce pas ?" chuchota t-elle avant de se prendre une claque de Bridgess dont le visage avait viré au cramoisi.

- "Tu te joues de ta famille ! Quel intérêt ?

- "La tranquillité." Elle se frotta la joue comme si ce geste pouvait apaiser la douleur vive de la gifle de sa sœur. "Je dois vous parler du message que j'ai reçu du royaume."

Elle passa sur ses lèvres sa langue rouge-rosée, prit une mine sérieuse avant de tout nous déclarer. Finalement, une voix s'éleva en haut du mur, les jambes dans le vide.

- "Tu es un Seigneur Tellurique maintenant mère ? Moi qui croyais que cette facétie de royaume Tellurique appartenait à de l'histoire ancienne. Des gens qui habitent sous la terre, qui se croient supérieurs aux autres êtres vivants."

Toutes levèrent leur regard remplit d'étonnement vers la jeune fille, qui du haut de ses seize années sur cette terre parlait si mal à Calli. Elle portait un manteau noir, son visage caché par un capuchon de la même couleur. Seule la lueur de ses pupilles aiguisées comme un félin se voyait sous sa capuche. Elle appartenait à l'ordre de la lame brillante au vu de l'attache qui fermait son manteau au niveau du col. Bridgess toisa la rôdeuse et lui demanda de descendre, et de mieux parler en présence des membres de sa famille. Violet acquiesça lentement aux paroles de sa jeune sœur.

Emmy avoua à contrecœur qu'il n'est pas correct de parler comme ça. Elle se retira. Calli prit alors la parole, expliquant à son sang tout les détails. Elle finit la discussion par ces paroles :

- "Je pars pour le royaume Tellurique. Je vous contacterai si nécessaire, sinon ne vous en mêlez pas. Dans le fond, je me demande bien ce qu'ils me veulent."


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Message  Imiria Ven 13 Mai - 13:45


Elle tendit l’arc, ajusta sa visée pour atteindre sa cible droit au front et commença à relâcher ses doigts. Elle n’acheva pas son geste. La tète de l’infâme affligé venait d’exploser sous l’impact d’une invocation de feu, au moment même où une flèche traversait le torse de la créature.

« C’est moi qui l’ai eu ! », s’exclama Selene d’un air satisfait.
« C’est ça », rétorqua la magicienne, « sa cervelle bouillait déjà que tu lui transperçait le cœur. Très utile ! »
« Rien qu’à voir arriver ma flèche, il était déjà mort de peur. C’est ton sort qui était inutile. »

Isialle sourit, non que les disputes complices de ses aînées l’amusent, mais juste pour ne pas se sentir exclue. Les deux sœurs telluriques n’avaient pas besoin d’elle, tenaient à peine compte de sa présence. Pour elles, le combat était un jeu et la jeune rôdeuse n’arrivait pas à y participer, trop lente, trop maladroite comparée à son aînée. Elle lorgna un court instant l’arc de Selene puis détourna son regard, attirée par la lueur diffuse qui perçait sous le bandeau de sa mère.

« Au moins, je n’ai pas à me salir les mains pour récupérer et nettoyer des bouts de bois, moi », enchaînait l’élémentaliste. « D’autant que celui la doit puer affreusement. Beurk ! »

Le feu du dragon s’éteignit, étouffé par la magie du bandeau qui couvrait les yeux d’Imiria et la flamme de son bâton brilla comme jamais. Isialle n’avait pas souvenir de pareil phénomène.

« Maaaadame ne veut pas se salir les mains ? Maaaadame tient à ses ongles. Non, ajouta Selene après un instant de réflexion, en fait Maaaadame craint juste que quelqu’un regarde sous sa jupe si jamais Maaaadame s’abaissait à se pencher. »

L’élémentaliste éclata de rire.

« Demain soir, nous serons chez nous », conclue-t-elle. « Le plaisir de ce voyage va me manquer, mais Syakalyl nous attend. Ne traînons pas trop. »

Isialle s’étonna une fois de plus du changement qui s’opérait chez sa mère : ses cernes s’estompaient, ses rides disparaissaient, son teint avait quitté le gris lugubre de la souffrance pour une blancheur éclatante. Même ses jambes semblaient vivre de nouveau, comme si une force inépuisable se déversait en elle. Etait-elle la seule à voir, à comprendre, à avoir peur que cette fois elle aille puiser trop loin dans le pouvoir des dragons?

La jeune rôdeuse comptait sur le nouveau maître des Frères, un élémentaliste comme Imiria, pour comprendre, pour contrer cette étrange force que sa mère utilisait. Elle ne connaissait pas personnellement Syakalyl Defererith, ne l’avait jamais croisé, mais espérait beaucoup de lui compte tenu de sa réputation. Il fallait juste qu’elle puisse l’observer, comprendre d’abord sa façon de penser et de gouverner avant de le rencontrer officiellement, de pouvoir lui parler sans crainte.

« Si vous le permettez, je vais vous devancer » lança Isialle d’un ton aussi naturel que le permettait son inquiétude. Je préfère dormir dans mon lit et me présenter fraîche et dispose avec vous demain soir. »

« Comme tu veux » répondit Imiria amusée par la coquetterie de sa fille, « mais fait attention en route. »

*****

Les yeux de flamme brillaient dans la nuit souterraine. Autour, les yeux tornades, les yeux de lave, les yeux de pluie s’animaient peu à peu, innombrables. La vie coulait en eux par un filet encore mince, délicat, invisible ruisseau de puissance ne demandant qu'à devenir rivière, puis fleuve. Une voix déjà arrivait à sortir d’un gosier renaissant, une voix qui les dominait, une haleine au parfum d’outre tombe.

« Tue, tue encore magicienne. J’ai besoin de leurs forces, de leurs vies, de leurs âmes. »



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Le réveil des Telluriques Empty Le guerrier Tellurique

Message  Imiria Ven 13 Mai - 13:52


L’excrément d’oiseau tomba juste sur l’épaule du chef d’octade. Le guerrier étouffa le rire qui lui secouait les cotes quand le parangon le fusilla du regard, puis il pesta une fois de plus contre cet arriviste qui lui avait volé son commandement. Que le nouveau chef des Telluriques embauche à tout va, soit. Mais comment pouvait-il permettre que ces caricatures de combattant, ces vieillards tirés des asiles de l’Empire prennent la place des plus fidèles des frères ?

« A ton poste soldat », gronda le capitaine tout en nettoyant sa tenue blanche jusque là immaculée.

Markesh s’exécuta, s’avança sous les arbres pour retrouver une vue sur le chemin à peine visible qui menait à la porte secrète. Fidèle de Mirhandil il avait perdu son grade, surveillait une entrée des souterrains par laquelle personne ne passait jamais, et se retrouvait seul parmi ces vétérans embauchés en toute hâte.

Un scintillement dans la plaine le tira de ses pensées bileuses. Un petit groupe approchait. Le guerrier hésita, puis décida de traiter lui-même cette affaire. Il s’avança à la rencontre des arrivants.

« Halte ! », ordonna Markesh.

Les deux voyageurs s’exécutèrent et le guerrier sourit intérieurement. Son armure noire et or impressionnait toujours autant, avec ses larges épaulières, ses piques proéminentes et la plaque ventrale ornée du phénix des Telluriques. La nouvelle cape s’accordait bien avec sa cuirasse. Il devait bien le reconnaître, même s’il regrettait le vert de son ancien suzerain.

« Qui va la ? », enchaîna-t-il d’une voix ferme.

Grand et sec, toujours droit malgré un âge avancé, les cheveux longs et blancs, le moine portait le pagne des guérisseurs sous une pelisse usagée. Un simple bandeau d’acier ceignait son front. Seule la très fine baguette ouvragée qu’il tenait dans sa main droite trahissait un statut sans doute plus important que ne l’indiquait sa vêture. Il répondit d’un ton sec qui ébranla l’assurance du garde, de ce ton qu’emploient seulement les hommes habitués à être obéis sans discussion.

« Va chercher ton chef guerrier. »

Désagréable sensation, mais Markesh décida de ne pas se laisser impressionner.

« Décline ton identité, ou passe ton chemin moine ! »

Sous le manteau élimé et sans forme, les tatouages du moine virèrent au rouge du châtiment. Une goutte de sueur froide glissa entre les pectoraux de Markesh. Son regard se porta sur l’autre voyageur et ses pupilles s’agrandirent. La broche arborée par l’homme était identique à celle qui fermait la cape de son capitaine d’octade

« Laisse passer soldat, écarte toi ! », intervint ce dernier.

« Mais capitaine, les ordres sont de ne laisser approcher que les Telluriques ! »



« Les ordres ont changé soldat, » susurra le parangon un mince sourire aux lèvres.

« Trahison ! » hurla le guerrier.

Il tira son épée et se précipita vers le moine, bien décidé à défendre chèrement sa vie. Il eut à peine conscience du rapide mouvement de poignet de sa cible. Le choc le terrassa.



*****



Ligoté, dépouillé de son armure, Markesh s’efforça de ne pas bouger, de ne donner aucun signe de réveil. S’il survivait, tout renseignement pourrait s’avérer précieux.

« Les vétérans de la Garde encore capables de manier les armes ont tous répondu présent Seigneur. Ils arrivent par petits groupes. Mais comment avez-vous obtenu un plan aussi détaillé des souterrains ? »

« Pendant une courte période, Shelter, les Telluriques ont été vulnérables. J’ai alors pu explorer leurs souterrains et leurs passages secrets. Maintenant, conformez-vous aux ordres. Quoi qu’il arrive vous devez obéir au maître des Telluriques, sauf si sa sécurité est menacée ou si l’esprit Dragon prenait le dessus.»

Le parangon soupira intérieurement. Comme s’il était facile de s’opposer à l’élémentaliste sans risquer de la blesser ou de la tuer. Asturia ne l’avait-il donc jamais vue possédée par la furie du Koosun ?

« Bien Seigneur. Il en sera fait selon votre volonté. Et si elle s’oppose au chef des Telluriques, que devons-nous faire ?

« Soutenez les Telluriques, sauf en cas de danger. Vous avez infiltré leurs rangs, continuez. Chaque octade doit dépende de nous. Ils ont bien servi notre cause et nos buts. Tant que leurs actes ne vont ni contre l’Empereur ni contre moi, tant que ni l’obscur nécromant ni les esprits dragons ne prennent le dessus, nous les soutiendrons. Sinon éliminez-les »

« Et le guerrier ? », demanda le Parangon tout en laissant glisser un doigt sur sa gorge.

Markesh ne put réprimer un frisson d’horreur.

« Non Shelter. Offrez lui une retraite anticipée et confortable en pays Norn. S’il est raisonnable il s’en satisfera. Sinon... »
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Message  Selene Swiftarrow Mar 12 Juil - 19:05

Malgré les années, elle avait toujours la même appréhension à traverser la barrière protectrice de la guilde. Cette peur de se voir refuser l'accès ? Et après les derniers évènements, ne pouvait-elle pas se justifier ? Le léger grésillement familier sur sa peau et l'énergie qui l'emplit lui rendit le sourire : Elles étaient toujours espérées en ces lieux.
D'un bond preste et félin, Selene franchit les derniers mètres qui la séparait du sommet de la jetée. Elle se retourna vers le reste du groupe et lâcha, toute joviale et excitée qu'elle était
"Preum's !"
S'ensuivit un moment de silence, alors qu'Isialle observait incrédule la scène de triomphe. Puis elle entendit pouffer légèrement derrière elle, et se retournant vit Imiria lui rendre son sourire.
Elle reporta prestement son regard sur Selene, mais peut être était ce là pour éviter celui de sa mère, qui la mettait mal à l'aise
Une telle insouciance songea t-elle, et pourtant mère lui fait confiance. Qu'a t-elle de plus que je n'ai point ?
...
Et son coeur se serra quand elle comprit pourquoi elle venait de s'esquiver... Ce regard, ce sourire... Il ne s'agissait pas là de complicité entre soeurs telluriques de longue date, mais de l'attitude d'une mère porté à son enfant... Elle avait vainement cherché dans ses souvenirs ce genre de marque d'affection... Peut être était-elle trop jeune pour se remémorer, ou alors il n'y en avait jamais eu ? Ce sourire là, il aurait dû être sien ! Que ne donnerait-elle pas pour être à la place de Selene à cet instant, cette cruche qui ne comprenait sûrement rien à la situation...

"Suffit !" Aboya t-elle sans s'en rendre compte.

Imiria se renfrogna, serrant son emprise sur le Koosun, alors que Selene s'était positionnée sur la défensive... Le regard des deux rôdeuses se croisa, et malgré le bandeau qui recouvrait les yeux de Selene, elle put y discerner les brusques changements qui s'opéraient. La surprise fit place à l'hostilité, mais une fraction de seconde plus tard elle se tenait face au vide... La présence de la rôdeuse avait disparu, fondue à l'environnement...

Selene porta un doigt à ses lèvres, leur intimant de se taire. Elle avait posé ses doigts sur son arc et dégainé tout en glissant vers elles sans un bruit...

Effrayante se dit Isialle tout en essayant de garder son calme, mais elle percuta la situation l'instant d'après... Des ennemis ? Elle n'avait rien senti pourtant mais dans son dos Imiria avait déjà commencé à psalmodier à voix basse une incantation... Mère aussi avait senti le danger ? ou était ce là un instinct poli à l'extrême aux variations de sa partenaire ? Elle tira elle même son arc et se tint prête, étendant ses sens aux alentours à la recherche de la moindre menace.

Selene se concentra et désentrelaça les diverses trames pour laisser les auras se découper... Celle d'Imiria était comme à son habitude, vive, flamboyante, prête à exploser en des cascades de feu capables de transformer l'air en fournaise infernale. Loin de lui faire peur, elle lui procurait une sensation de réconfort, car de la sentir dans son dos la certitude lui était acquise que nul ne passerait. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de noter la singularité étincelante dont les filaments se mêlait aux myriades de langues ardentes. Un fragment du Koosun ? Si elle l'avait remarquée dès leurs retrouvailles, elle n'avait encore osé lui demander l'origine, mais le ferai sûrement le moment opportun.
L'aura d'Isialle quant à elle avait beaucoup changée. Si elle conservait encore cet aspect tumultueux caractéristique d'Imiria, elle avait beaucoup gagnée en puissance et en fluidité, et s'épanchait comme une source jaillissant du sol. Elle avait encore du mal à contrôler le flux qu'engendraient ses émotions, mais il ne faisait aucun doute : Un jour, Isialle la surpasserait. Encore fallait-il qu'elle soit en paix avec elle même...
Elle passa en revue les arbres, les oiseaux, les animaux et cette atmosphère chargée d'énergie. Elle ne connaissait que trop bien la barrière des Telluriques pour l'avoir parcourue et explorée durant des années. Quand elle était plus jeune, il lui arrivait de partir en randonnée durant plusieurs jours afin de se familiariser avec vibrations de cet immense cercle qui ceignait l'ile. Elle se revoyait encore à quatre pattes, oreille collée au sol pour écouter les réponses de la terre mère. Et dire que maintenant, ça en était devenu si naturel qu'elle pouvait ressentir les ondes qui se propageaient au sol, pieds nus. Ce mur invisible, elle en connaissait chaque écho, et celui de leurs pas foulant le sol de la guilde lui était revenu déformé... Selene s'accroupit et frappa le sol du plat de la main. Quelques instants plus tard, Ses soupçons furent confirmés : Une brèche avait été ouverte non loin de là puis camouflée. Pire, il lui semblait qu'on avait œuvré de l'intérieur... Un taître ? Il fallait déjouer la surveillance des patrouilles et des guetteurs. Il fallait aussi des moyens magiques habiles pour réussir cette tâche et ensuite la masquer aux yeux de tous... Mais qui donc en était capable ?
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Message  Imiria Jeu 4 Aoû - 14:40

Isialle ferma les paupières, tendit ses sens à la recherche de la menace. L’ordre naturel semblait intact bien que perturbé par la présence des hommes, nombreux dans les souterrains. Elle étendit sa perception aux éléments et s’étonna de son intense acuité aux flux d’énergie. Sa mère lui avait-elle transmis une partie de ses facultés ?

Malgré les sortilèges mineurs de quelques élémentalistes, elle ne détecta aucune activité anormale, aucun danger, aucune menace hors l’habituelle déformation de la trame qui accompagnait la simple présence d’Imiria. Persuadée de la sécurité du lieu, elle décida de laisser seules ses deux ainées.

- « Je vous abandonne à vos recherches. Si vous avez besoin de moi, appelez. »

La rôdeuse s’enfonça dans le labyrinthe des souterrains telluriques. Elle croisa plusieurs patrouilles, contraste évident avec ses précédentes visites où les couloirs déserts donnaient l’impression d’une cité moribonde. Le seigneur Syakalyl avait sans aucun doute redonné vie au Royaume. La cape verte de Mirhandil flottait encore sur quelques épaules, mais le noir et l’argent du nouveau maitre des lieux dominaient de très loin.

Essayant de se faire aussi discrète que possible elle passa devant de longues haies de soldats arborant le phœnix luttant contre le dragon, emblème de Syakalyl et des telluriques. Elle ne put échapper à quelques regards insistants mais se refusa à envisager que ses formes, épousées par sa veste d’hermine blanche, puissent en être responsables.

Le phoenix… les dragons… Le seigneur Mirhandil avait rejeté sa mère dans un dernier sursaut d’autorité défaillante et de lucidité, conscient qu’une élémentaliste utilisant le pouvoir des ennemis immémoriaux des hommes représentait un danger trop important, un risque trop sérieux pour des telluriques affaiblis. Syakalyl en était-il conscient ? Qui était donc cet homme ? Comment envisageait-il de redonner à l’armée des frères sa force, son lustre d’antan ? Ignorait-il la puissance, l’indépendance, l’orgueil des imprévisibles vainqueurs de Mallyx ?

- « Présenteeeez… Armes ! Saluez ! »

Surprise par l’ordre et par le claquement des mains sur les pommeaux d’épée, Isialle chercha en hâte un couloir par où s’éclipser. Elle voulait d’abord observer, comprendre le nouveau seigneur des telluriques avant de lui être présentée. Un chant profond, prenant aux tripes, repris par des centaines de gorges serrées d’émotion saluait l’arrivée du seigneur des telluriques. Elle gravit quelques marches et pénétra dans une pièce immense éclairée par un grand feu et de multiples chandelles. Regroupés au plus loin de l’immense table centrale se tenaient plusieurs domestiques et quelques notables rondouillards. Profitant de l’entrée du maître des lieux elle prit place parmi eux, se dissimulant au mieux aux regards.

- « Alatymia, Alana, au rapport, mes Chiennes de Guerre. »

La voix douce, triste et pourtant si ferme surprit Isialle. L’homme était grand, fin, ses cheveux clairs, son port royal, mais jeune, si jeune ! Son armure noire et argent étincelait de magie, son regard débordait de sagesse et de force. Elle se risqua à profiter de son inattention et examina son influence sur la trame des éléments. L’harmonie de son aura la désorienta. On était loin du furieux tourbillon, du volcan menaçant, de l’instable démesure qui caractérisait Imiria. Lui n’était que douceur, puissance retenue, contrôlée, rassurante et impressionnante à la fois.

- « …ils nous seront d’une précieuse utilité. Et puis, vous nous avez nous, vos gardes du corps. ».

Si le discours d’Alatymia et Alana avait échappé à la jeune rôdeuse, cette dernière phrase la ramena brutalement au présent, non pas par le sens des paroles mais plutôt par le ton employé. Troublée, elle succomba à un sentiment inconnu, mélange incompréhensible d’envie et de haine envers les deux archères.

- « Alatymia a raison », murmura le maître des lieux. « La situation n’est pas si prometteuse… »

L’homme paraissait si fragile maintenant. Elle étouffa à grand peine l’envie de se précipiter, de le serrer dans ses bras, de le réconforter qui lui taraudait le ventre.

- « …Même mon épouse a conservé ses distances depuis les évènements avec Maelin des Trappistes. Son soutien ne sera pas une évidence. Elle peut même nous causer beaucoup de tort, l’histoire l’a prouvé… »

Il était donc marié ! La jalousie la submergea, révélateur ultime de ce qu’elle redoutait avoir compris au fond d’elle-même : elle venait en quelques instants de succomber au charme de son seigneur, de lui donner son cœur, de céder à un amour profond impossible à réfréner. Sa poitrine se soulevait au rythme rapide des ses inspirations, et pourtant elle manquait d’air. Son cerveau n’arrivait plus à comprendre le sens de ce qu’elle voyait ou entendait. Le bonheur du désir la dominait entièrement, pour la première fois de sa courte vie.

- « Avez-vous envoyé à Imiria Lynn et à Selene Swiftarrow ce que je vous avais demandé ? Toujours pas de réponse ? »

Dans un effort surhumain Isialle s’accrocha à la phrase. Elle récupéra un semblant de lucidité, juste assez pour s’étonner que les gardes n’aient pas encore signalé la présence des deux femmes à Syakalyl. La forteresse était-elle à ce point vulnérable ?

Le silence qui suivit lui donna l’occasion de reprendre pied, de sortir à regret du bien-être béat que lui procurait la simple présence du maître élémentaliste. Elle décida d’attendre, de ne pas se signaler. Elle ne connaissait pas l’amour, ce sentiment si puissant, si profond, si agréable. Elle commençait à comprendre que les obstacles seraient nombreux jusqu’à lui, que de terribles dilemmes la déchireraient, que sa loyauté envers Selene et sa mère s’effondrerait si jamais il lui fallait choisir, et aussi que d’autres femmes comptaient pour Syakalyl.

Si quelqu’un avait croisé son regard acier à ce moment, il eut été effrayé par sa détermination : rien, absolument rien ne pourrait l’empêcher de conquérir l’amour du seigneur des telluriques.


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Message  Calli Jeu 4 Aoû - 16:01

Les quatre sœurs courraient depuis une vingtaine de jours sans s'arrêter lorsqu'elles virent la forteresse tellurique. Leur épuisement se lisait sur leur visage. Vingt jours auparavant, Blanche frappait sa grande sœur pour « se défouler », ce qui décida Calli à toutes les emmener pour que Blanche frappe les bonnes personnes. Bridgess sauta de joie car pour elle, rien de comptait plus que d’exterminer les ennemis des terres de la Tyrie. Quant à la dernière, elle manquait de motivation comme à son habitude, mais elle ne pouvait pas laisser cette bande de folles détruire le hall juste pour « se défouler ».

Violet détestait les souterrains telluriques mais elles n’avaient pas le choix, elles devaient passer par ces chemins sombres et tortueux. La nécromante se plaisait bien à ranimer des monstres de chair et même à mâcher des bouts de cartilages. Ses yeux tels des cercles fins rendaient mal à l’aise ses interlocuteurs. Calli demanda l'arrêt de notre marche avant de s’adosser à un mur. Elle enfila sa capuche et ne bougea plus telle une statue. La ritualiste scrutait le moindre des gestes de Calli mais elle ne vit qu'un simple mouvement de sa part afin de prendre une pomme et de la manger. Pendant un infime instant, Violet se rappela sa mère à la vue de la prêtresse : vulnérable, belle, timide …

- « Violet, peux tu venir s’il te plaît ? »

Elle s’approcha de Calli lorsque cette dernière la saisit à bout de bras et la ramena à quelques centimètres de son visage, un visage étrange où l'on ne distinguait plus ni la bouche, ni le nez. Elle posa son autre main sur la taille de sa sœur.

- « Dis-moi à quel taux de perversion je suis. Et empêche Blanche de s’amener près de moi pour me frapper, car je ne peux me retenir dans cet état là. »

La femmes aux esprits posa mes mains sur le cou de la prêtresse et se concentra : Calli devait arrêter d’utiliser la force de Grenth aussi souvent ou bien son corps ne le supporterait probablement pas. Ses mains tremblaient. Violet ramassa la faux aux reflets maudits et la tendit vers la derviche.

- « Ne lâche pas ta faux, garde là sur toi ou bien Grenth va te consumer. Garde là au moins un jour toute contre toi, elle aspirera l’aura démoniaque que tu dégages à force d’utiliser un pouvoir qui te surpasse. »

La ritualiste sentit la chaleur d’une blessure à sa taille. Elle s'accroupit, ne voulant pas affoler ses deux autres sœurs. L'ainée au contact de son arme recouvrit son aspect physique normal et retira la capuche.

- « Bah qu’est ce qu’on fou les croulantes ? », hurla Bridgess.
- « Chcroulanchte ? » articula Blanche en mâchonnant son bout de cartilage d’il y a deux heures.
- « Tais-toi Bridgess. Et aide un peu Violet, elle arbore une blessure à sa taille. Remettons nous en route après. » dit sa seigneurie Calli.


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Message  Calli Jeu 11 Aoû - 10:02

À la fin du souterrain, Calli saisit une des lames à la ceinture de Violet et coupa net sa grande queue de cheval. Une masse importante de longs cheveux noirs et brillants s’étala sur le sol. Blanche s’empressa de les ramasser et les rangea au fond de son sac. La ritualiste arrangeait un peu la coupe de la prêtresse. Elles arrivèrent finalement dans le grand hall lumineux, la salle principale de notre royaume. Bridgess et Blanche choisirent de prendre un autre chemin pour explorer les lieux, et chercher leurs camarades. Les gardes grouillaient dans tous les recoins. Leur armure, différentes de celle sous le règne de Mirhandil, leur donnait une fière allure. Calli continuait d’avancer. Sa robe noire ondulait au rythme de ses pas. Elle prit la tête de la marche, pensant qu’il y aurait rapidement à se défendre, ou bien à parler avec ces idiots sous fifres. En effet, un homme d’une trentaine d’années, armuré comme un paon vint se planter sur leur chemin et leur demander de décliner leur identité. Son regard passait de Calli à Violet, puis il toisa Calli de haut en bas un long moment. Soudain il se mit à terre pour s’incliner.

- «Nous espérions votre retour prêtresse ! Excusez-moi de ne vous avoir reconnu du premier coup mais vous avez changé. Que puis-je pour vous ? » balbutia-t-il.
- « Hors de mon chemin. Ca sera déjà pas mal. Et dis-moi où trouver Syakalyl, Imiria et Selene.
- « Mais bien sur ! Je crois tous les avoir vu à la salle du trône ! »
- « Si tu croises une nécromancienne du nom de Blanche et une jeune fille blonde et gamine, ne les arrêtes pas, ne touche pas à ma famille. » dit Calli d’un ton autoritaire et froid.
- « Bien Madame ! »

La femme aux esprits dût accélérer son pas afin de suivre son aîné qui enfilait sa capuche, probablement pour l'effet de surprise, et à grandes enjambées se dirigeait vers la salle du trône. La ritualiste attrapa la main de Calli et la ramena entièrement contre elle pour l'enlacer. Elle tremblait comme une feuille. Sa blessure saignait et la prêtresse s'en aperçut rapidement. Aussi, elle ralentit sa marche. Calli portait le trognon de la pomme mangée dans le souterrain, et lorsqu’elle entra dans la large salle aux somptueuses décorations, elle balança avec force ce détritus en plein dans le visage de l'individu assis en haut des marches. Sa démarche assurée imposait le respect. La personne se leva, sa finesse indiquait son sexe : une femme. Des bouts de pommes sur la figure, elle se mit en position de défense. Son visage blanc ne laissait voir que ses pupilles bleus et vide. Elle se tenait droite, avec un air implacable, elle ne quittait pas ma sœur des yeux. Ses nattes violettes retombant sur son front, elle descendit les marches lentement avant de cracher un bout de cartilage qui heurta l'épaule de Calli.

- «Eh bien ? Je ne t'ai rien fait cette fois ! Que me vaut cette attaque ?»
- «Je t'ai prise pour quelqu'un d'autre. Tu n'as pas croisé les Seigneurs ?» s'excusa la prêtresse.

Bridgess apparut en trombe derrière le groupe interrompant ainsi la discussion. Elle souriait fortement et articulait avec enthousiasme.

- «C'est dangereux ici ! On s'est fait courser par des gardes mais nous les avons vite semés grâce à Blanche qui semble connaître bien l'endroit.»

Elle leva alors sa main. Elle tenait le casque d'un garde visiblement neuf, aucune rayure, arborant le phœnix. La tatouée écoutait Calli et Blanche se lancer des piques tandis que Bridgess courrait autour, toute fière de son trophée.

Calli et Blanche ne s'entendent pas depuis leur première vraie conversation. On peut se remémorer Calli mettre un coup de tête à la nécromante alors âgée de dix ans parce qu'elle avait reçu de cette dernière une violente droite dans le sein droit. Les sœurs Liphalia riaient tellement en ce temps là. Personne n'allait mal. Leurs parents vivaient et prenaient soin de leurs filles. Puis il fallut que ces dernières choisissent leur voie. Pour l'aînée, le rôle de prêtresse lui revenait. Violet choisi l'étude des esprits, la communion aux morts. Blanche décida de continuer sur sa lancée. Quant à la plus jeune, elle voulait imiter la plus grande : elle étudia alors les préceptes des moines.

Le temps n'a rien changé à ce qu'elles sont. Vile ou écervelée. Sage ou irréfléchie.

L'intensité de la douleur de la blessure de Violet gagnait un cran toute les deux heures. La souffrance se lisait maintenant sur son visage. Elle se tordait de douleur. Bridgess essayait de toutes les manières possibles de l'apaiser, de la soigner, mais elle échouait. Lorsque Blanche apprit la blessure, elle s'approcha et déposa sur la ritualiste un nombre d'insecte incalculable qui entrèrent dans la plaie. La douleur disparut soudainement. La plaie propre n'attendait plus qu'un bandage solide.


Dernière édition par Calli le Sam 17 Déc - 12:04, édité 4 fois
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Message  Selene Swiftarrow Mer 21 Sep - 13:01

Prendre une profonde inspiration, retenir son souffle avec cette appréhension que tout relâchement pourrait coûter très cher, espérer en vain que cela se passe sans vite et sans douleur... Elle pouvait y arriver, oui...

Oumpf !!!!!!

La grimace qui déforma son visage l'instant suivant, de celles que font les enfants, grotesque à souhait, indiquait tout le contraire. L'étreinte du corset lui avait coupé le souffle et broyé les côtes, mais Imiria s'acharnait encore à tirer sur les lacets, la raidissant centimètre par centimètre à l'état de piquet. Mesquine vengeance, elle m'en veut parce que j'ai réussi à deviner la couleur de ses sous vêtements... Bon d'accord j'avais soulevé sa jupe en douce mais de là à...
Le carcan de cuir lui arracha une nouvelle grimace, et enfin Imiria se décida à mettre fin au supplice... Quoique l'instant d'après, elle eut ce sourire sadique et avec une petite moue annonça

"Je devrais pouvoir travailler ça encore un peu plus nan ?"

L'expression décomposée de Selene la fit éclater de rire,

"De toutes façons ça passerait pas... Tu n'aurais pas grossi ?"

"Parles pour toi" répliqua Selene du tac au tac avant de réaliser sa gaffe... Dans la vie il y'a ceux qui tiennent les instruments de torture, et ceux qui sont sur la table...

"Oups ! Quelle maladroite je fais ! J'ai malencontreusement relâché les lacets. Il va falloir tout reprendre. Allez hop hop, garde à vous !"

Selene soupira, résignée... Prendre une profonde inspiration...

...

Une demi heure, et quelques plaintes étouffées plus tard, Imiria scrutait le résultat d'un air critique, mais elle ne fut pas longue à afficher un sourire de satisfaction. Toute de noir vêtue excepté le corset couleur écarlate ourlé de dentelles noires, le pantalon en cuir de drake était ouvert en V sur le côté tout le long des cuisses et maillé de résille et assorti de bottes mi hautes lacées avec renforcement en métal. Une paire de gants d'archer avec des protections aux avant bras décorées d'un dragon et d'un phénix entremêles venait compléter la tenue, et pour rehausser l'ensemble, une longue écharpe de soie pourpre à liseré argenté flottait à son cou. Elle arborait son brassard d'officier au bras gauche, et un carquois de flèches courtes le long de la cuisse droite.

Imiria pour sa part, s'était parée d'une longue et élégante robe noire fendue sur un coté, au décolleté serré mais s'ouvrant néanmoins jusqu'au dessus du nombril. Les manches n'étaient pas unies à la robe, ne prenant naissance qu'aux avant bras. Amples, tombant aux genoux et voilées de sombre, l'on y distinguait des broderies dorées de dragon et de phénix. Si une fine corde d'or torsadée lui ceignait le bassin contrastant avec la couleur dominante, c'est le pendentif improvisé à la gorge qui attirait le regard. Elle portait l'œil de feu délicatement enrobé dans une large bande de soie noire qui prenait tout le cou, et le joyau émettait des pulsations régulières, lui donnant l'aspect d'un cœur fonctionnant au ralenti.

Elle lui tourna le dos afin de remettre son bandeau. Selene lui posa une main hésitante sur l'épaule. Il lui fallait savoir maintenant.

"Oui ?" fit-elle en se retournant

"Je peux te regarder dans les yeux ?"

"D'accord"

Il ne devait pas s'être écoulé plus d'une seconde, avant qu'elle ne réponde. Bien qu'elle ne laissa rien transparaître, Selene perçut au subtil mouvement de sa lèvre inférieure que cette demande la mettait mal à l'aise. Des années d'expérience, de moments partagés, dans la vie quotidienne comme au combat lui avait appris à discerner ces signes presque invisibles. Elle se glissa d'un pas silencieux à une dizaine de centimètres de son visage, enlaça Imiria par les épaules et posa son front contre le sien.

Leur regard se croisa et elle vit... Le feu dans ses yeux, le flamboiement des prunelles, les tourbillons fascinants et cette lueur... Elle était comme un morceau de métal porté à fusion, mais caché sous un amas de combustibles. Sa lueur aveuglante ne se diffusait que par moments, mais lorsqu'il n'y aurait plus rien à consumer, mise à jour, son intensité serait sans égale... Sans égale certes, mais elle ne put réprimer la pensée qu'elle serait froide.
Dans le reflet de ses yeux, elle vit les siens, forêt primale et verdoyante, changeante au gré des vents et des eaux, sculpture immense et vivante. Et la superposition des deux images donnait l'impression que la forêt brûlait, se tordant dans les flammes, consumée petit à petit jusqu'à l'âme... Imiria dut le voir également ou sentir un changement car elle se défit doucement de l'étreinte de Selene.

"Nous devrions y aller, nous sommes attendues."

Selene hocha doucement la tête, puis lâcha moqueuse

"Si madame n'avait pas accidentellement pas laissé le corset se défaire, nous ne serions pas en retard"

La pique lui valut une petite tape amicale au visage dont elle essaya de se protéger des mains. Au moins, la tension semblait être retombée. Elles nouèrent leur bandeau et après avoir saisi Koosun et Urgoz, s'engagèrent hors de la chambre.

Les couloirs étaient plutôt calmes, mais cela était à cent lieux de l'atmosphère de forteresse fantôme qu'elle avait pu ressentir durant la désertion. Les pierres étaient tièdes au toucher, toutes les torches alimentées, et les bruits ne manquaient pas. L'air qui s'engouffrait ici apportait des odeurs de parfums capiteux, de sueur, de cuir lustré ou encore de pain chaud. Comme cela était agréable.
Elles passèrent devant les appartements de Calli et de ses sœurs mais personne ne répondit quand la rôdeuse toqua à la porte. Pourtant les odeurs qui filtraient à travers le bois et la faible chaleur de la pièce chauffée indiquaient qu'elles étaient déjà installées. Sans doute étaient-elles déjà en route pour l'audience. Ainsi reprirent-elles leur déambulation vers les retrouvailles tant attendues, non sans une pointe d'excitation. Calli représentait une sœur importante à ses yeux : Elle était celle qui allait de l'avant face à l'adversité sans ciller, avec sa foi pour seule armure, véritable tourbillon mortel tranchant au travers des ennemis, savant mélange entre la vivacité du ciel et la puissance de la terre. Pourtant après toutes ces années, il lui fallait reconnaître qu'elle n'avait pas réussi à percer au travers de la carapace dont elle parait sa personnalité profonde. Elle restait un mystère changeant, souvent impassible en façade. Pourtant elles avaient rompu le pain ensemble, bu dans la même coupe, combattu dos à dos, vaincu. Les sourires complices, les railleries, de même que les disputes étaient autant de signes de rapprochement. Elle le montrait juste à sa manière supposait la rôdeuse, mais quoi qu’il en soit, sa confiance lui était acquise.

A l’approche de la grand salle, une haie de gardes aux armures rutilantes, frappées aux nouvelles armoiries de la guilde leur présenta les armes. Les lourdes portes de chêne, épaisses d’un demi pied et renforcées de métal travaillé aux formes fantasmagoriques avaient visiblement été repeintes récemment. Elle se souvenait de l’ancienne peinture écaillée, dont les fragments desséchés vous restaient sur les mains pour peu que vous ayez le malheur de les poser au mauvais endroit. La pièce qui s’étendait par delà était aussi longue que haute, avec ses impressionnantes colonnes sculptées montant en spirale vers le plafond et finissant en arches gothiques faisant résonner les chants en de longs et profonds échos. Si son étage supérieur constitué de balcons et d’alcôves offrait de nombreux recoins pour observer ou murmurer, c’était le sol qu’elle préférait : Ces pavés marqués par le temps, mais par-dessus tout, la constellation de bougies qui le recouvrait, chacune représentant une vie dans la forteresse. Les deux sœurs se plièrent elles aussi à l’ancien rite de la fratrie tellurique et allumèrent une bougie qu’elles déposèrent parmi la myriade : Partager le feu d’une autre vie, apporter son éclat à l’ensemble, et à son tour donner la flamme. Elles étaient en ces lieux des âmes comme toute autre. Un tapis rouge cramoisi brodé d’or formait une allée jusqu’aux marches et son immense vitrail au phénix s’élevant de terre. Au sommet des marches trônait le seigneur Tellurique, bordé par ses deux chiennes comme il aimait les nommer. Alatymia et Alana : Selene ne les portait pas dans son cœur. Elle ne doutait point de leurs compétences mais elle n’avait pas pardonné les actes de ces dernières quelques années auparavant, lorsqu’elles avaient voulu s’en prendre à Imiria pour la forcer à adopter le parti du bel homme. Elle se souvenait avoir menacé de mort les deux gardes du corps lors de l’altercation qui avait suivi, et le regard qu’Alatymia lui portait indiquait qu’elle n’avait pas non plus oublié.

Au bas des marches, Calli se dressait de dos, drapée dans une ample robe noire lestée par des petites lames incrustées de pierreries qui tintèrent doucement lorsqu'elle se retourna avec la grâce d'une danseuse flottant au dessus du sol. Les motifs qui en ornaient la surface ondoyaient au gré des plis leur conférant un semblant de vie. Un singulier bustier de bandes de soie entrelacées en diagonales prenant naissance au niveau de l'opulent torque d'or gravé posé sur son cou et ses épaules, recouvraient ses formes de manière suggestives tout en laissant le dos à nu : Une pure œuvre de sensualité comme savaient si bien confectionner les vabbiens. Le tout était assorti d'une large ceinture d'or aux larmes d'opales de feu qui reflétaient la lumière ambiante en tons chatoyants, de plusieurs bracelets de tailles variées cliquetant en sonorités harmonieuses, d'un brassard en forme de dragon spiralant autour de son avant bras gauche et d'une paire de grandes boucles d'oreilles à double croissant de lune enchâssés. Elle avait remplacé sa longue queue de cheval par une coupe lâchée jusqu'aux épaules parsemée de petite tresses et retenue en arrière par un serre tête formé de son bandeau.
Selene essaya de ne pas laisser les émotions la submerger et emboîta la pas à Imiria qui s'avançait déjà. Elles souriaient. Calli vint à leur rencontre, s'arrêtant à quelques pas de distance : Un léger sourire se dessinait au coin de ses lèvres. La fragrance suave de la peau bercée par le soleil et porteuse de senteurs épicées emplit Selene de nostalgie. Mot ne fut dit. Mais en cet instant, point de mot n’était nécessaire, juste une présence, une aura, une émotion. Elles étaient enfin réunies après ces longues années de séparation. Et c’est ensembles qu’elles allèrent à la rencontre de leur seigneur pour lui présenter les hommages.

Syakalyl se dressa majestueux du trône. Si un coup d’œil rapide permettait de se rendre compte des traces encore très présentes de l’ancien règne, on ne pouvait lui enlever le fait que le rôle de seigneur lui allait bien, presque comme s'il avait toujours siégé. Paré de son armure d’obsidienne, il arborait sur son minois des traces apparentes de fatigue liées sans doute aux nombreuses difficultés auxquelles il se devait désormais de faire face. Son prédécesseur avait coupé beaucoup de ponts et remettre les différents réseaux en route devait être une tâche des plus ardues. Mais il se devait de monter une image forte : Surtout ne pas faillir, ou les troupes se débanderaient aussi vite qu’il avait pu les rassembler sous son égide. La présence des trois officiers sembla l’apaiser un peu et c’est avec un sourire courtois qu’il les accueillit. Par le passé, il serait sans doute descendu pour leur faire la révérence, mais cela lui était désormais interdit, du moins en public. D’un geste il congédia les hommes d’armes postés dans la salle, et attendit que la porte fût bien refermée avant de prendre la parole.

"Relevez-vous. Je vous remercie d’avoir répondu à mon appel. J’aurai préféré vous convoquer au nom des Telluriques, mais nous savons que je ne dirige pas la fraternité, pas plus que Mirhandil la dirigeait. Cependant, je suis résolu à changer les choses et pour cela je vais avoir besoin de toutes les ressources disponibles. Il nous faut frapper la véritable tête des Telluriques, celle qui se terre dans l’ombre et nous manipule comme des pions. Nous allons renverser le conseil et nous affranchir de leur joug. Alors seulement le phénix pourra renaître dans toute sa splendeur. Selene, Imiria, Calli, prêtez-moi votre force, accordez moi votre confiance, et ensemble nous vaincrons."

Syakalyl se détourna et s’approcha d’un guéridon où était posé un plateau d’argent. Il y saisit une carafe de cristal dans laquelle avait décanté un vin blanc puis remplit quatre coupes, avant de les tendre personnellement à chacun de ses officiers. L’odeur de ce crû n’était pas inconnu à Selene, et Imiria elle-même sembla comprendre alors qu’elles échangeaient un regard en biais. Ce détail n’échappa pas à Syakalyl qui eut un sourire complice.

"Oui, il s’agit bien du même crû que je vous fis servir ce jour là. Ce jour où cette lutte de pouvoir a commencé. Aujourd’hui, il ne vous est plus permis de mélanger le vin. Le boirez-vous donc ? "

Sur ce, il tendit sa coupe pour trinquer. Aucune d’elles n’émit d’objection, et elles firent de même.

"Aux retrouvailles, et au succès de notre entreprise. Gloire aux nouveaux Telluriques ! "

Elles reprirent en écho, firent tinter le cristal et portèrent le verre aux lèvres. Le vin était rond et fruité avec des arômes de poire, de fleurs, et une teneur minérale qui restait en bouche. Elle le sirota avec plaisir, oubliant le temps de ce verre le fardeau des responsabilités qui les attendait...


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Message  Imiria Ven 30 Sep - 14:40

Stasia pesta contre son épaisse fourrure et contre les lacets qui la maintenaient serrée contre son corps : son soutien-gorge mal ajusté pinçait sa lourde poitrine et elle n’avait aucun moyen de le remettre en place, sauf à ouvrir son armure. Laisser accéder ce brouillard persistant à sa peau ne lui disait vraiment rien.


- « On avance Stasia ! »

Elle grommela une vague insulte envers son chef d’octade. Si son slip lui avait écrasé le sexe, il aurait accordé une pause à la patrouille. Mais bon, plus vite ils auraient fini leur tour, plus vite ils pourraient rentrer et se réchauffer dans la forteresse, et peut-être même passer aux cuisines pour une collation.

- « Vous n’allez pas le croire, mais il semble que la brume se lève. »

Stasia remonta vivement son sein droit et, tout en se promettant d’essayer de maigrir un peu, leva la tête pour découvrir que le soleil commençait à percer les nuages. Enfin ! Trois jours dans cette purée de poix commençaient à peser sur son moral.

- « Mais tu vas te bouger la grosse ? y en a marre de t’attendre à tout bout de champs ! »

Les rires à peine dissimulés de ses compagnons la blessèrent, une fois encore. Etait-ce sa faute si la cuisine des Telluriques et l’inactivité de ces derniers mois lui avaient donné ces kilos en trop ?

- « Attendez ! Il… on dirait qu’il y a quelque chose sur la mer. »

Quelque chose ? Plutôt une illusion due au brouillard, pensa-t-elle. Quoi que… Le vent et le soleil chassaient peu à peu l’humidité. Elle distinguait bien une forme plus sombre sur la mer, toute proche de la plage, et… et un mât. Un mât ?

- « C’est un bateau », s’exclama un parangon. « Pourquoi n’accoste-t-il pas au port ? Et comment a-t-il pu arriver ici ? »
- « Pas UN bateau », couina le chef d’octade, « il y en a plusieurs ! des dizaines !… des centaines même ! »

Stasia s’écarta, recula d’instinct. Une forêt de mâts sortait de la brume à quelques mètres à peine du rivage. Ses compagnons restaient sur place, bouche bée, abasourdis par l’invraisemblable spectacle. Le premier navire s’échoua et son flanc s’ouvrit, vomit une marée d’hommes en armes : des archers.

- « A la forteresse tous, vite ! » hurla son chef de patrouille.

Stasia lâcha son épée, remonta sa pelisse et se mit à courir. Vite, plus vite qu’elle n’avait jamais couru, largement devant ses sept camarades. Ses seins ballotaient en tous sens, lui heurtaient le ventre et le menton mais elle n’en avait cure. Des sifflements sinistres déchirèrent l’air, des hurlements retentirent. Elle plongea derrière une petite bute, roula sur le flanc, essaya de se faire la plus petite possible. Plus de dix flèches s’enfoncèrent dans la terre à quelques mètres mais aucune ne l’atteignit. Elle risqua un regard en arrière et, horrifiée, découvrit les corps transpercés de ses compagnons. Aucun n’avait pu fuir.

L’imposante guerrière se remit debout et pris ses jambes à son cou. Elle courait. Elle courait comme du temps de sa jeunesse, quand elle était svelte et musclée. Sa peau, ses cuisses, sa poitrine essayaient de la ralentir : en vain. Elle courait pour sa vie.

- « A la garde ! A la garde ! », s'égosilla-t-elle avec ce qui lui restait de souffle. « A la garde telluriques ! Fermez les portes ! La forteresse est attaquée ! »


Dernière édition par Imiria le Dim 2 Oct - 17:20, édité 1 fois
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Message  Calli Sam 1 Oct - 14:33

Assise sur un muret dans le hall d'entrée de la forteresse, la peinturlurée observait l'horizon. Ce calme lui permettait de réfléchir à sa vie, à ce qu'il lui restait encore à effectuer avant de couler de longs jours paisibles dans un fauteuil.

Adossée à la porte, Blanche ricanait à gorge déployée. Son armure de piques de jade argentés me rappela la mer de jade, le vent dans mes cheveux, les immenses tortues des Luxons. Elle adorait porter cette armure qui éloignait d'elle tout plausible prétendant car je le reconnais, sa beauté égalait son mauvais caractère. En suivant son regard malsain, on pouvait aisément conclure qu'elle se moquait de Calli. Notre aînée écrivait à vive allure dans un livre à la couverture mauve sombre en remettant en place sa mèche en place à intervalles réguliers.

La ritualiste posa sa main sur sa taille, elle souffrait encore légèrement de sa blessure, et Calli remarqua son geste. Son visage trahissait l'inquiétude qui la tailladait : Violet savait pertinemment que sa grande soeur contrôlait de moins en moins son pouvoir. Les lèvres de la prêtresse s'ouvrirent, mais aucun son ne sortit. Son regard si sûr d'habitude disparaissait de plus en plus souvent. Avec plus d'attention, sa cadette aurait remarqué ce tremblement de sa main gauche. Elle tremblait de faire du mal à une personne chère à son cœur dans un moment où elle perdrait le contrôle.

Bridgess arriva tout joviale, sautant à cloche pied sur les bottes de Blanche qui cria de douleur. Avoir une petite sœur aussi innocente rendait chaque jour un peu plus lumineux que ce qu'il devrait être. Elle savait nous redonner la pêche, nous pousser à réagir. Cet air de naïveté cachait un sens des responsabilités bien plus important que le mien. Elle connaissait les moyens de toutes nous tenir, nous écraser, nous combler, et de nous coordonner. Dans l'ombre, elle prenait soin de nous.

Violet souriait puis ne se retenant plus, elle riait. Ses trois sœurs tournèrent la tête vers elle avec un air ahuri qui amplifia son rire nerveux.

Au loin, le son d'une voix se fit entendre : une voix grasse, essoufflée et affolée. Une dame d'une corpulence non négligeable approchait à une vitesse importante.

- « A la garde ! A la garde ! », s'égosilla-t-elle avec ce qui lui restait de souffle. « A la garde telluriques ! Fermez les portes ! La forteresse est attaquée ! »

Calli referma son bouquin, rangea sa plume puis se leva lentement. Son livre atterrit dans mes bras. Un instant après, l'avatar de Grenth se trouvait là, ce qui obligea la garde à s'arrêter et de crier, et de courir. Il attrapa la faux aux rayons violets et la posa en partie sur son épaule, manche à la main. Le froid envahit la pièce. Un silence pesant apparut. L'avatar s'avança vers la sortie d'un pas calme et noble. Sa tête pivota en direction de Blanche. Cette dernière crut reconnaitre le regard plein de détresse de sa sœur bien aimée avant que son pas s'accélère soudainement en direction de la côte.

Tous les gardes commencèrent alors à crier :

- « La forteresse ne peut être attaquée ! C'est impossible ! »
- « Jamais personne ne nous a trouvé et personne ne nous trouvera ! JAMAIS ! »
- « Moi, j'ai faim ! »

Bridgess commença donc par ces mots simples :

- « Que croyez vous ? Pensez vous réellement qu'il est difficile d'atteindre une ile lorsque le brouillard n'est plus ? Pensez vous qu'un femme dans un tel état de choc blague ? » Elle montra Stasia. « Regardez donc ! La plage est noire de monde ! Observez à nouveau ! Calli est seule, elle est partie nous protéger ! Laisseriez vous la prêtresse combattre seule bande de larves ! Vous êtes trop confiant ou trop lâche ?! Défendez la forteresse soldats ! C'EST UN ORDRE ! »

Une horde de soldats se prépara, s'arma et se dirigea vers la plage dans la hâte. La moquerie laissait place à l'urgence. La ritualiste montait dans la tour tandis que Blanche aidait les hommes à se préparer et que Bridgess leur criait dessus. Au loin, la force de frappe ennemie se trouvait déjà au contact de Calli qui fauchait les ennemis par cinq. Les premiers gardes se trouvaient également au combat. Je me sentais horrifiée. Du haut de la tour, on aurait pu dire que pour un des telluriques déjà sur place, il y avait une cinquantaine d'ennemis. Le groupe tellurique reculait rapidement, subissant de lourdes pertes chaque minutes qui passaient. La prêtresse se trouvait face à un Etin géant montagneux de guerre qui mesurait probablement trois fois sa taille. Il balançait sa massue dans tous les sens puis son arme heurta la faux. Les deux armes s'arrêtèrent violemment dans leur élan créant une onde de choc si violente que je sentis la terre gronder. Le monstre tomba lourdement sur son derrière écrasant deux hommes. Je vis Calli se faire soudainement éjecter trois longueurs plus loin en soulevant de la poussière sur toute sa chute. Les soldats perdaient espoir à cette vision. La derviche se releva, ramassa sa faux et retourna au combat. Elle boitait. Elle saignait. Mais elle défendait la forteresse.

Une personne courrait vers le champs de bataille. La personne en question se déplaçait sur le dos d'une bête. Bridgess se tenait sur le dos d'un drake de foudre. Deux sacoches arnachées sur les côtés de la créature la ralentissait. La jeune femme prit une pierre venant de la sacoche et la jeta dans la tête de l'ennemi le plus proche. Un seconde vague de guerrier la suivait pour prêter main forte aux premiers combattants sur le terrain. Le groupe de Bridgess se heurta aux envahisseurs élémentalistes. Le feu pleuvait dans tous les sens. L'Etin remarqua la monture de Bridgess et courut en sa direction avant d'assener un coup d'une violence phénoménale dans les côtes du drake.

Violet reprit ses esprits du haut de sa tour, et se hâta d'aller avertir toute la citadelle, tous les Telluriques. Elle pleurait à chaudes larmes.

En posant son pied sur la dernière marche, elle se cogna contre un garde ce qui l'étourdit un instant. Le livre lui échappa des mains et s'écrasa sur le sol sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle se hâta d'avertir toute la forteresse. Et elle commencerait par avertir les Seigneurs Telluriques.

**************************************

Les hommes prenaient trop de temps à s'armer. Blanche s'énervait sur eux. Son teint si blanc et son sourire mesquin laissait place à l"inquiétude mêlée à la rage. Elle frappa même un guerrier au visage, frustrée que ce dernier soit trop faible pour porter un bouclier. Elle préféra s’éclipser un moment après cet incident. Elle remarqua alors le livre aux pieds des escaliers menant à la tour nord. Blanche attrapa le bouquin, le plaça entre elle et sa ceinture avant de se diriger vers les portes de la citadelle.

- « Archers, en avant !! »

Une cinquantaine d'hommes avançait derrière la nécromante. Elle savait que la situation était dramatique. Au loin, un nuage de fumée se souleva juste à l'endroit où se tenait Bridgess et sa créature. On voyait avec distinction la présence non pas d'un seul Etin, mais de neuf Etins.

- « En positon ! » cria Blanche, les yeux exorbités. « Feu à volonté ! »

Un nuage de flèche s'éleva en l'air pour frapper l'ennemi par les cieux. Au dernier moment, les envahisseurs levèrent leurs boucliers qui furent percés par les pointes. Ils se mirent à crier haut et fort leur victoire sur ces cures dents inutiles. Blanche perdait patience, elle ne supportait pas d'être aussi inutile. Elle se devait d'aller de l'avant.

- « Lâchez vos arcs ! Que tous le monde me suive, épée à la main ! »

Le bataillon si organisé jusque là se transforma en un groupe de mercenaires semblable à l'unité sous les ordres de Calli. La peur se lisait sur le visage des hommes mais tous suivirent la jeune femme.

Sur le champs de bataille, le sang coulait à flot. Seuls quatre hommes de l'unité de Calli tenaient debout à l'instant où Blanche les atteignit. Bridgess se battait avec ardeur en assommant les ennemis à coup de pierre.

Un des Etins de guerre barra la route de Blanche.

- « Attrape ! » dit elle en lançant son bâton au monstre qui saisit l'arme. La nécromante courut, prit son couteau sacrificiel et arracha les parties génitales de la créature. Le monstre s'étala, criant sa souffrance.

Blanche tourna la tête, le sourire au coin lorsqu'elle reçut le corps désarticulé d'une personne dans le ventre. Elle tomba à la renverse sur le sol. Elle se releva avec peine avant de se rendre compte du malheur. Près d'elle gisait le corps de Bridgess. La colère et les larmes montèrent en Blanche. Elle n'aimait pas grand chose, mais elle aimait ses sœurs. Elle savait impossible que tout le monde survive, mais elle ne pensait pas qu'une de ses sœurs mourraient. Ses yeux bleu pâles s'illuminèrent de rage. De la centaine de cadavres telluriques s’éleva des horreurs squelettiques et des golems de chairs qui vinrent s'écraser dans les rangs ennemis. Elle criait. Calli apparut près d'elle, ramassa le corps inerte de Bridgess, saisit la main moite de Blanche et ordonna la retraite vers la forteresse.


Dernière édition par Calli le Dim 18 Déc - 20:11, édité 1 fois
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Message  Selene Swiftarrow Jeu 6 Oct - 5:40

L'écho du cor n'avait pas fini de mourir que déjà d'autres reprenaient en canon. Les lourdes résonances ne laissaient aucun doute sur la nature des instruments dont elles étaient issues : Il s'agissait là des gigantesques cors de guerre, ceux dont les sonorités pouvaient même atteindre les premières profondeurs de la forteresse. Nul Tellurique entendant ces notes ne pouvait en ignorer la signification... Une situation de crise.
Une foule de pensées vinrent se bousculer dans son esprit, mais ce furent son instinct et ses réflexes qui prirent le pas, et sans qu'elle ne se rende compte, elle empoigna son arc, enfila deux carquois en bandoulière et laissa ses jambes la mener vers les appartements d'Imiria. Ce fut la sensation du bois d'Urgoz se raffermissant au creux de sa main qui rompit sa transe. L'arc s'imprégnait de la confusion et de l'agitation presque palpable qui régnaient dans ces murs, mais sa fierté de prédateur lui interdisait de montrer ouvertement sa faiblesse.

Entre la cavalcade de pas retentissants, les cliquetis du métal, la cacophonie de voix dont la majeure partie n'était que jurons, se détachait de plus en plus le claquement sec de sandales sur les dalles. Le rythme irrégulier de sa course, ainsi que sa respiration haletante indiquait que celle qui approchait était à bout de souffle, mais Selene percevait également entre deux goulées d'air, des hoquets étouffés : Une femme, jeune, sans armure déduisit-elle.
Ses pas s'étaient tus un peu plus loin à l'angle, mais c'était désormais le son de ses poings tambourinant sauvagement une porte qui lui parvenait. Cette porte, celle d'Imiria.

"Officier Lynn ! Nous sommes assaillis par une force armée inconnue ! Aux armes !"

La voix était déformée par la panique et les sanglots, et il fallut que Selene se porte jusqu'à elle pour reconnaître qu'elle appartenait à Violet. Entre temps, Imiria avait ouvert sa porte et lui demandait de se calmer et d'obtenir de sa part toute information qu'elle pouvait fournir. L'élémentaliste se dressait à l'embrasure, Koosun en main, glissée dans la même robe noire qui l'avait habillée plus tôt lors de leurs retrouvailles et du serment. Sa chevelure d'or, relâchée, lui cascadait sur les épaules puis glissait dans le dos pour s'épancher, et l'oeil flamboyant qui ornait sa gorge avait regagné la place qui lui avait toujours été réservée, sur le front, toisant les ennemis de position haute et noble. Son regard croisa celui de Selene et elles purent lire chacune l'angoisse qui marquait l'autre.

"Violet..." articula la rôdeuse d'une voix qui se voulait calme. Elle n'aurait pourtant pas pu en jurer. La ritualiste avait tourné la tête à l'arrivée de Selene, et l'on pouvait distinguer le tremblement de sa lèvre inférieure.

"Officier Swift..."

"Selene"
"Selene," répéta t-elle. "Nous sommes attaqués ! Ils ont une supériorité écrasante. Des milliers de soldats, mages, archers. Et des Ettins ! Mes sœurs sont parties de l'avant avec une troupe pour défendre la plage, mais Ô !!!" L'émotion la submergea une seconde ou deux alors que les larmes traçaient un sillage humide sur les courbes de son visage. "Il faut les aider ! Vite ! Elles ne pourront pas tenir longtemps ! Surtout Calli ! Pas dans son état !"

Réfléchir n'était pas le fort de Selene et elle le savait. Si elle n'écoutait que son cœur, là maintenant, elle foncerait aux cotés de ses deux sœurs rejoindre Les sœurs Liphalia et l'avant garde pour affronter la menace. Et pourtant elle ne le fit pas. Ses tripes avaient beau se nouer, son thorax être comprimé à en étouffer, la voix intérieure lui imposa de garder son sang froid. Que cela lui fut dur de prononcer les paroles qui suivirent.

"Partez devant épauler Calli, Blanche et Bridgess, je vous rejoindrai au plus vite. je vous le promet. Soyez prudentes, s'il vous plaît."

Elle n'osa adresser qu'un regard furtif à ses sœurs avant de se détourner et de partir à grandes foulées, déjà accablée par les regrets. Elles allaient au cœur des combats, affronter les plus grands périls, et ce serait sans elle, sans sa capacité de soutien. Elle savait quel rôle elle tenait, la manière de percevoir les failles et de s'adapter pour les exploiter. Et si il leur arrivait malheur par ce manquement ? Et l'image d'Imiria lui fusa au visage, elle qui était si vulnérable, elle qui avait besoin qu'on la protège à l'avant, et qu'on couvre ses arrières... La moindre négligence et...
Elle se mordit la lèvre à en saigner. Elle ne devait pas céder. Si l'ennemi était aussi puissant et nombreux, il lui fallait absolument évaluer les forces en présence pour espérer établir une stratégie. "Je ferai au plus vite se répéta t-elle, au plus vite. S'il vous plaît attendez moi et pas d'imprudence !"

Un soldat déboula sans la reconnaître, d'une des chambres, tentant de serrer les lanières de sa cuirasse enfilée à la hâte. Elle l'esquiva d'un passement de jambes sans même ralentir. Celui là dormait à son tour de garde et dans des appartements d'officier... Mais ce n'était nullement le moment de penser à le réprimander. Il se pouvait très bien qu'il ne voie pas le lendemain...

Elle avala les marches qui montaient jusqu'aux remparts. En haut les vents hurlaient. Une rafale lui cingla le visage et s'engouffra dans l'escalier dès qu'elle fit grincer les gonds de la lourde porte barrée d'acier qui la ramenait à l'air libre. Une petite troupe d'archers en faction était déjà postée aux créneaux, prête à accueillir les assaillants s'ils devaient arriver jusque là. Mesure inutile au possible car le bouclier tellurique avait été dressé protégeant la forteresse. Ce champ de protection était un ancien rite qui puisait dans une source d'énergie souterraine. Selene ne connaissait pas tout de son fonctionnement, mais savait de ce qu'on lui avait expliqué, qu'un cercle de mages initiés pouvait canaliser cette énergie pour englober l'antre Tellurique et ses proches alentours dans une sphère capable de soutenir les assauts, même puissamment magiques. La légère couleur irisée qui semblait teinter le ciel maussade indiquait indéniablement sa présence.
S'approchant des créneaux, elle scruta les alentours.
Elle perçut sur la plage la multitude de petits points brillants, chacun correspondant à l'aura d'une personne, mais tellement rapprochés qu'ils se superposaient et se mélangeaient en une marée vivante déferlant, grignotant inexorablement chaque once de terre. Combien cela pouvait-il représenter d'hommes ? huit milles ? plutôt dix... Et ce n'était là que les hommes, car elle distinguait aussi des formes beaucoup plus grandes, sans doute les Ettins dont parlait Violet, et aussi des Drakes. Face à eux, les troupes telluriques paraissaient bien maigres... A peine quelques ilots, qui devaient tenir le temps que les renforts arrivent. Cependant, l'ennemi semblait agir de manière désordonnée, là où les Telluriques avaient eu la rigueur d'un entraînement quotidien. Les premiers devaient être des mercenaires ou des barbares pour majorité et ne sauraient tenir une formation. Mais leur supériorité numérique leur donnait une certaine confiance... Il fallait agir vite et frapper fort avec eux, pour ne pas les laisser le loisir de communiquer et de s'organiser.
Pourtant, ça n'allait pas. Elle savait intérieurement que quelque chose ne collait pas. Qui pouvait se targuer de faire débarquer autant de troupes et passer inaperçu ? Il y avait trop de moyens mis en œuvre... Ceux qui avaient monté cette armée ne pouvait pas compter que sur le mercenariat. Non, il devait y avoir d'autres troupes, c'était une certitude.
Un frisson la parcourut et elle se retourna prestement pour balayer du regard les soldats présents à la recherche d'artilleurs.

"Toi !
cria t-elle à l'égard de l'ingénieur, charges moi ce trébuchet avec un baril de poix et débrouilles toi pour me viser le point là bas !"
Incrédule, il balbutia
"Mais officier, les troupes sont de ce côté sur la plage. Nous devrions bombarder cette zone et leurs barges..."

"Fais ce que je te dis ! Ou je transforme tes fesses en porc épic !"

La menace le fit réagir au quart de tour. La minute d'après, le baril de poix était allumé et tiré. Selene souleva son bandeau et regarda avec appréhension le projectile tournoyer sur lui même et décrire un arc de cercle souligné par les rubans de flammes orangés et aller disparaître dans la brume. Et alors que la lumière se diffusait brièvement sur le rideau gris blanc qui recouvrait la mer, elle les aperçut... Des boutres camouflées -elle en avait dénombré trois mais il était fort probable qu'il y en ai bien plus- dont la forme lui rappelait celles qu'elle avait pu croiser dans les Cimefroides... Cette forme, c'était...

"Par les Six Divinités..." murmura t-elle. Puis se ressaisissant bondit sur les créneaux malgré le vent pour beugler "Les archers à ma gauche, vous êtes affectés aux trébuchets et aux scorpions ! Pilonnez moi la plage et dans la brume par là ! Les autres avec moi ! Nous sommes de sortie !"

Derrière elle, la brume rougeoya, juste avant que les projectiles tirés des boutres catapultes ne fusent au travers pour venir s'écraser en d'énormes gerbes de flammes contre le bouclier tellurique, le faisant miroiter de reflets persistants.

Pourvu que les histoires soient vraies et qu'il tienne... songea t-elle en prenant la tête de la petite troupe de francs tireurs. Tenez encore un peu mes sœurs, j'arrive...


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Message  Imiria Jeu 6 Oct - 17:18

Allongée sur sa couche, Imiria savourait cet instant de repos. Sa chambre, ni spacieuse ni luxueuse mais néanmoins confortable, résonnait du crépitement du feu dans la petite cheminée. Son armoire ouverte, bondée, laissait apparaître ses armures soigneusement pliées. Son coffre débordait d’armes et d’objets magiques inutiles dont elle n’arrivait pourtant pas à se séparer. Au râtelier trônaient ses bâtons, six trophées arrachés aux plus féroces ennemis. Le bandeau, posé sur sa table de nuit, côtoyait l’œil de feu qu’elle venait de détacher de son cou.

Elle s’étira, apprécia le contact de la robe de soie noire sur sa peau, se demanda s’il fallait vraiment l’enlever avant de s’abandonner à une petite sieste, puis renonça car il aurait fallu qu’elle se lève pour cela. Elle fit l’effort de dégager ses cheveux de sous sa tète puis ferma les yeux. Il ne s’écoula qu’une minute avant que l’air résonne du son des cors et que les murs se mettent à vibrer.

- « Mais qu’est-ce que c’est encore ? », s’exclama-t-elle. Puis, s’adressant au maitre de guilde comme s’il était présent, « Sya, tu aurais pu attendre que j’ai dormi avant de commencer les exercices. »

L’élémentaliste empoigna son oreiller et enfouit sa tête sous la plume, espérant échapper au vacarme. Elle résista un moment avant que des coups frappés à sa porte ne la tirent de sa réaction boudeuse.

- « Officier Lynn ! Nous sommes assaillis par une force armée inconnue ! Aux armes ! »

L’oreiller vola dans la pièce, propulsé par la main qui se tendit vers le Koosun. En un éclair le bâton vint se loger au creux de sa paume et l’œil de feu prit place au milieu de son front.

- « Violet ? C’est bien toi ? »

Il fallut quelques secondes pour que la force du bâton passe dans son corps et lui permette de se lever. Elle ouvrit à la ritualiste et essaya sans succès de la calmer, de comprendre le flot de paroles qu’elle déversait entre larmes et sanglots. L’arrivée de Selene la sauva de cette impasse. La rôdeuse réussit à l’apaiser un peu, suffisamment pour comprendre la situation.

*****
Loin, très loin, au plus profond de la nuit souterraine, les yeux de vent interrogèrent leur maitre.
- « Vous avez senti ? »
- « Oui, un affrontement se prépare. L’élémentaliste puise de l’énergie. »
Les yeux de feu se plissèrent de contentement. La voix rauque du gosier naissant reprit son incantation, infatigable, obstinée, patiente.
*****

- «Partez devant épauler Calli, Blanche et Bridgess, je vous rejoindrai au plus vite. je vous le promets. Soyez prudentes, s'il vous plaît. »

L’élémentaliste regarda Violet tourner les talons et courir aider ses sœurs, puis Selene partir à grandes foulées en direction des remparts. Elle hésita : qui devait-elle suivre ? Qui devait-elle abandonner ? Elle sentit la braise revenir dans son regard et retourna se saisir du bandeau. Elle devait se cacher, ne pas montrer sa dépendance. Le temps de nouer le tissu magique, sa décision fut prise : elle irait soutenir la derviche.



Dehors régnait le chaos. Poursuivis par une horde d’envahisseurs, les premiers défenseurs revenaient en hâte vers la porte, Calli à leur tête. Du haut des remparts quelques hommes ripostaient au déluge de feu qui s’abattait sur le bouclier tellurique. Mais pourquoi ne pas tirer sur l’armée qui s’approchait de la porte ? Imiria se tourna vers les frères qui l’avaient accompagnée.

- « Les guerriers, derviches, parangons, allez à la rencontre de ces chiens mais ne cherchez pas à les empêcher de passer. Tenez juste le flanc gauche et forcez-les à emprunter un couloir étroit à droite, contre la montagne. Ritualistes, placez vos esprits en soutien juste derrière eux et protégez les moines et quelques nécromants qui vous accompagneront. Votre rôle est essentiel : vous devez canaliser leur assaut et ne pas faiblir. Foncez ! Les autres, avec moi à droite. »

Imiria croisa le regard de Blanche et de Calli qui ramenait le corps de Bridgess dans ses bras. La soif de vengeance s’empara d’elle. Les ennemis arrivaient au contact de ses guerriers qui tinrent la position. Le flot se rua par la brèche laissée ouverte à droite. La magicienne pivota et pinça les lèvres en comptant ses troupes. Quelques nécromants, une vingtaine d’archers et onze élémentalistes. Mais où étaient les autres ?

- « Archers en position, feu à volonté tant que vous pourrez tirer puis essayez de résister. Nécromants, chaque mort doit combattre de notre coté et contenir leur avancée. Elémentalistes, concentrez vos sorts sur le point de contact et ne faiblissez pas. Puisez dans vos réserves, et au-delà si besoin. »

Elle eut à peine le temps de se retourner que les premières flèches partirent, semant la mort dans les premiers rangs des assaillants. Elle lâcha ses sorts les plus puissants, sentit ses mains chauffer au contact du Koosun.


Feu, pouvoir, mort, brulure, cadavres, rage, magie, cris et sang… le temps ne compte plus, n’existe plus. Le corps arqué, torturé par les flammes, écorché par les flèches, mais frapper, frapper encore, enchainer les sorts, plus vite, plus fort !
Voir l’ennemi se briser sur le mur de sa puissance, accélérer, tuer encore… ils se rapprochent.
Déchainer la tempête, faire jaillir les flammes du sol, transformer le roc en lave, appeler le feu du ciel, doubler, tripler, quadrupler la cadence… ils sont sur moi.
Entendre leurs hurlements, sentir l’odeur de leur os pulvérisée, de leurs chairs carbonisées, voir leurs vies qui s’échappent, leurs esprits capturées, éviter leurs attaques, toutes… presque toutes.
Je saigne ? Ma robe, ma belle robe de soie noire colle à mon corps mouillé par le sang et la sueur. Elle est déchirée par endroit. Ils abiment ma robe ! Fureur, carnage, onde de choc pour les repousser, voir voler ensemble les morts et les vivants, entendre crier les bouches et les âmes, volcan, tison, fumée âcre, irrespirable, aura de lumière… comment peut-il y en avoir encore ?
Enfer, aller chercher le feu du centre, le ramener à eux, les aveugler de son éclat. Le Koosun est en fusion, il consume mes yeux malgré le bandeau, il noircit ma main. Monter, marcher sur les corps, se hisser tout en haut pour recommencer. Tuer, plus vite ! Plus vite encore ! Je suis le feu… je suis en feu.



Les deux élémentalistes rescapés avaient depuis longtemps reculé, épuisés, réfugiés derrière le bouclier protecteur. Et l’horreur se lisait dans leurs yeux. Aucune femme, aucun homme ne pouvait survivre à de tels déchaînements de pouvoir. Seuls les démons, et encore. Aussi, quand enfin un éttin parvint d’un coup de massue à arracher le bâton de la main brulée, quand privée du soutien du Koosun Imiria perdit conscience, quand son corps roula et fut recouvert par les cadavres de ses victimes, ils ne purent s’empêcher de se sentir soulagés.

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Message  Calli Sam 8 Oct - 15:56


Le réveil des Telluriques Untitl10


Les larmes ne cessaient pas de couler ses yeux de Violet. La vue du corps sans vie de Bridgess dans les bras de son aînée l'anéantissait. Qu'avait-elle fait pour éviter ça ? Rien !? Elle se contentait de courir avertir pendant que la moniale risquait sa vie. Quelle sœur abandonnerait ainsi le même sang qu'elle ? La honte frappait son esprit fatigué et son corps courbaturé. Elle regardait ses mains, puis releva la tête un instant. Tout autour d'elle, l'agitation disparaissait et laissait place à une impression de ralenti. Le feu des catapultes ne s'entendait plus. Les soldats passaient devant elle, la regardaient comme on regarde un animal perdu. Elle entendait les battements de son cœur tonner dans sa poitrine ... lentement, plus lentement.

Blanche se trouvais recroquevillé au pied d'un banc de pierre, elle tremblait comme une feuille. Son armure arraché par endroits montrait la pâleur de sa peau contrastant avec ses entailles d'où suintait le sang impropre. De sa main gauche, elle maintenait fermement son bras droit, les ongles enfoncés dans sa propre chair. De lourdes gouttes tombaient de ses joues, laissant des sillons foncées sur ses pommettes. Ses cheveux cachaient la moitié de son visage, s'entremêlant en fines boucles. Son pied s'agitait frénétiquement, tapant le sol à intervalles aléatoires. Ses yeux choquèrent plus d'un soldat alors qu'elle relevait sa tête : sa pupille avait disparue et un point noir unique se trouvait au milieu de l’œil. Son corps bossu se balançait d'avant en arrière.

Un main se posa sur l'épaule dénudée de la ritualiste. Elle sursauta et me réfugia contre Blanche. Calli l'observait. Elle articulait des mots, mais la compréhension de la parole, ou même d'un quelconque son n'était plus compréhensible dans l'esprit embrumé de Violet. Sa grande sœur souriait tristement. Elle pointa du doigt le bouquin que portait Blanche avant de crier un ordre aux gardes. La femme aux esprits prit le livre et le serra contre elle. Elle baissa la tête et s'assoupit juste après que Selene et son armée soient sortis dehors.

***********************************************

Lorsque le soir pointa, la prêtresse se trouvait devant la forteresse, face à l'armée ennemie qui montait semble t-il des tentes. Sa respiration bruyante gâchait le calme de l'instant. Elle rassembla tout le souffle qu'elle put avant que sa voix ne résonne vers la plage.
- « La tombée de la nuit approche ! Ramassons nos morts, nos blessés ! Pouvez vous respecter cela, envahisseurs ? »
Les gardes sortirent, méfiants, mais aucun incident ne vint troubler la trève. Calli errait, sans but, assommée par la fatigue et le chagrin. Sous un amas de cadavre elle remarqua une main qui bougeaient, une main aux doigts brulés comme toutes les chairs à cet endroit. En hate, elle écarta plusieurs corps sans vie et dégagea l'élémentaliste.
- "Debout Imiria", supplia-t-elle en essayant de réveiller son amie.
La magicienne restait inerte, si l'on exceptait sa main saisie de spasmes. La prétresse se saisit d'Imiria et la transporta vers la porte pour la confier auxc soigneurs. Puis elle se dirigea à ses appartements d'un pas mou. Son regard perdu se raviva qu'au contact de la gifle de Blanche. Elle posa sa main sur sa joue, puis leva la tête vers son agresseur. La nécromante portait toujours son armure abîmée et tenait une dague acérée en direction de sa sœur.
- « C'est ta faute ...» balbutia la pâle femme.
- « J'ai agis imprudemment et dans l'urgence, je le reconnais. Et Bridgess connaissait les risques. Je n'y suis pour r...»
- « TAIS-TOI »
Blanche tenait péniblement debout.
- « Vas te reposer. » dit Calli.
- « Tu te trompes ma sœur. Si notre cadette est morte, c'est bien pour toi. Violet nous a tout raconté. Tes tremblements, tes pertes de conscience et l'effet de ton arme sur toi. »
Elle respira brièvement avant de pleurer en silence et de partir. La femme à la robe de soie reprit son élan pour courir jusqu'à sa chambre. Elle claqua la porte et s'avança au milieu de la pièce. Elle décrocha sa robe qui s'étala dans la poussière. Elle inspecta ses blessures, les désinfecta. Elle ressentit alors une douleur si horrible qu'elle s'étala sur le sol. Cette douleur qui vous frappe lorsqu'un être cher meurt, celle qui vous prend une part de vous-même, qui vous anéantit. Calli entourait de ses bras sa poitrine. Elle resta seule, nue et en souffrance un long moment dans cette chambre.


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Message  Imiria Dim 9 Oct - 16:44

Isialle se ravisa : les telluriques étaient suffisamment nombreux à obéir aux ordres de Syakalyl et pouvaient bien se passer de sa présence. Le maître des lieux était resté d’un calme étonnant malgré la gravité des informations reçues sur l’attaque. Préférant en savoir plus sur les assaillants avant de réagir, il comptait sur la solidité de la protection magique de la forteresse pour lui laisser le temps d’organiser une contre-attaque. Ses ordres étaient clairs : s’assurer de la sécurité des prêtres chargés du bouclier, rassembler les soldats en unités organisées, envoyer des unités d’attaque à distance sur les remparts pour défendre la porte et ne surtout pas risquer une sortie tant que l’identité, les intentions et la force de l’ennemi ne seraient pas connues. La rôdeuse admirait sa lucidité mais il semblait ne pas tenir compte du caractère impulsif de certains de ses officiers. Aussi décida-t-elle de se diriger directement vers les tours dominant la porte.

La rôdeuse monta quatre à quatre l’escalier étroit, précédent de longues minutes les troupes envoyées par le chef de guilde. Quelques archers et lanceurs de sorts étaient déjà en position. Elle jeta un coup d’œil rapide au rempart opposé et constata que Selene organisait la défense avec un calme et une autorité qu’elle ne lui connaissait pas. Mais quand son regard se porta en bas, sur le défilé menant de la plage à la porte de la forteresse, elle ne put retenir un frisson. Calli ramenait en hâte une troupe décimée vers l’abri du bouclier. Elle portait dans ses bras le corps sans vie de Bridgess et tirait littéralement Blanche en état de choc. Ce qu’elle redoutait était donc arrivé : les seigneurs telluriques, loin de Syakalyl, n’avaient pu résister à leur tempérament et contre attaquaient.

Elle plissa les yeux pour voir plus loin, gênée par le bouclier rendu iridescent par les multiples projectiles le frappant. Les ennemis continuaient de débarquer par centaines, jaillissaient hors de leurs lourds bateaux pour appuyer leurs troupes, montaient des machines de guerre, alimentaient leurs catapultes et approvisionnaient leurs archers.

- « Mais pourquoi tentent-ils de les rejeter à la mer ? Ne se rendent-ils pas compte des forces que nous avons à combattre ? »

L’exclamation du capitaine des archers la ramena aux telluriques qui sortaient défendre la porte. Un gros groupe bloquait un coté du terrain et forçait les assaillants à emprunter un étroit passage pour avancer. Isialle reconnu la tactique favorite de sa mère. Elle repéra Imiria juste derrière une haie d’archers, une dizaine d’autre mages avec elle et hoqueta de surprise : non seulement aucun moine ne l’accompagnait, mais elle ne portait même pas d’armure ! Et derrière la masse de mercenaires qui tombaient sous les sorts et les flèches telluriques, un groupe compact de deux ou trois cents ettins se précipitait en renfort. L’envahisseur envoyait sa plus terrible unité pour briser la résistance.

- « Défendez nos troupes au sol » , ordonna la rôdeuse aux archer, à la grande surprise du capitaine qui ne s’attendait pas à ce qu’elle le supplante. « Tirez ! affaiblissez leur charge ! »

Isialle se concentra, enchaîna les tirs précis alors que les jeteurs de sorts d’Imiria faisaient des ravages. Mais les archers succombèrent, débordés, et les mages essayèrent tous de se replier en catastrophe. Tous... sauf sa mère à peine discernable au milieu des flammes, des geysers de laves et des explosions qu’elle provoquait.

- « Protégez l’élémentaliste ! », hurla Isialle à ses compagnons. « Aucun ettin ne doit la toucher ! »

Les flèches volèrent, souvent frôlèrent la magicienne, achevant les ettins qui par miracle traversaient le déluge de feu. L’éclat aveuglant du Koosun dominait la scène. Des filaments de lumière en jaillissaient vers chaque ennemi tué par la magie du feu, éphémères éclairs de glace noyés dans la fournaise. Les monstrueuses créatures mourraient par dizaines mais ne renonçaient pas. L’élémentaliste montait sur les cadavres fumants et, au sommet du macabre monticule enchaînait les sorts à une vitesse inhumaine. Mais ils la touchaient presque.

- « Tirez ! tirez ! Protégez Imiria ! »

Le cri de surprise et de douleur du capitaine la détourna une fraction de seconde de la bataille. Quelques rares flèches ennemies passaient le bouclier ! Elle décocha un trait qui transperça le cou de l’ettin qui venait d’érafler le flanc de la magicienne. Une énorme onde de choc jaillit du Koosun et terrassa toute une vague ennemie. Le sang de sa mère coulait de plusieurs écorchures révélées par sa robe déchirée, le Koosun éblouissant aveuglait guerriers et tireurs. Les gestes, les paroles d’Imiria étaient à peine discernables au milieu des éclairs et du déluge brûlant. Les ettins mourraient en masse dans d’horribles souffrances, et pourtant ils avançaient, cercle de plus en plus étroit autour de la frèle élémentaliste.

- « Fuis mère ! fuis ! » supplia en vain Isialle.

Un ettin colossal parvint à passer le cercle de feu, balança sa massue et frappa la main qui tenait le Koosun. L’arme magique vola au loin, accompagnée de filaments reliés aux derniers morts. L’élémentaliste cessa d’incanter, resta immobile puis vacilla. Le monstre releva sa massue pour le coup de grâce. Isialle ajusta son tir avec soin, lâcha la corde, et la flèche se planta dans l’œil de l’ennemi. Privée du soutien du bâton l’élémentaliste s’écroula , pantin désarticulé, rebondit sur la montagne de cadavres avant de s’immobiliser. Le corps de son agresseur suivit et la recouvrit.

Hébétée, Isialle ne put continuer à tirer. Il ne restait presque rien du bataillon d’ettins lancé à l’assaut. Les pertes des assaillants étaient énormes et leur ardeur au combat refroidie, mais seuls quelques guerriers et moines telluriques restaient au contact. La bataille était-elle perdue ? Pourquoi tant de sacrifices alors que le déséquilibre ne pouvait être compensé par la bravoure ? Pourquoi ? Imiria est juste tombée, réalisa-t-elle, peut-être est-elle encore en vie !

Isialle ne vit pas venir la flèche qui la percuta, entailla son front et rebondit sur l’os. Assommée par le choc, elle perdit conscience avant de toucher terre.

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Message  Imiria Dim 16 Oct - 17:36

Shelter dévia la massue à l’aide de son égide, puis planta son javelot dans le pied de la créature. Autour de lui les anciens de la garde d’Asturia se repliait en ordre vers la porte et le bouclier protecteur. Ils avaient fait leur possible pour aider les telluriques, pour suivre les ordres d’Imiria et tenir la passe, mais ils menaçaient maintenant de succomber sous le nombre.

« Quelle idée aberrante de tenter cette sortie, songea-t-il. Cette élémentaliste ne cessera donc jamais de chercher les ennuis ? »

Une épée chercha à se glisser sous sa garde. Il esquiva et rompit, laissant la première ligne à ses compagnons. Le plan lui avait pourtant paru efficace. Les troupes telluriques, bien encadrées par les parangons, avaient tenu assez longtemps pour permettre aux mages de ravager la horde des envahisseurs. La puissance déchainée des éléments lui sembla tout d’abord suffisante, mais ils avaient du rompre devant la multitude. Et cette idiote qui restait seule à tenir, avec son égo démesuré, allait se faire tuer et entrainer son échec à suivre les ordres d’Asturia. En dernier recours il ordonna à ses voisins immédiats :

- « Avec moi ! Il faut la sortir de la ! »

Les vétérans abandonnèrent la lutte contre les bretteurs ennemis, unirent leurs forces et chargèrent les étins. Leur avance fut tout d’abord facile car les monstres leur tournaient le dos, obsédés par la magicienne. Leurs lances percèrent les reins, coupèrent les jarrets, achevèrent les blessés. Puis le front se stabilisa, les empêchant d’atteindre leur but. Au milieu du déluge de feu, Shelter distinguait à peine les gesticulations de l’élémentaliste. Erigée au sommet d’un monticule de chairs calcinées elle s’immobilisa, corps arqué, mains tendues vers le ciel, bâton dressé vers le ciel. L’espace d’un instant il revint des années en arrière et crut entendre de nouveau : « Je suis Imiria Lynn, et je n’abandonne jamais ! »

C’était une illusion bien sur. La femme devant lui, si proche et pourtant inaccessible derrière le mur de muscles, n’avait plus rien à voir avec la frêle jeune fille des recrues de Cantha. Son bouclier éclata sous le choc d’une masse imposante. Il tituba et fit trois pas en arrière : les etins les repoussaient. Un égide amie s’interposa et lui évita la mort.

- « Repliez-vous », ordonna-t-il.

Il ne sentait plus son bras. Ses hommes reculèrent en ordre. Il quitta des yeux l’élémentaliste, trop occupé à sauver sa vie et celle des ses hommes. Les vétérans se repliaient en ordre. Habitués à lutter en groupe ils n’avaient rien perdu de la cohésion qui faisait leur force du temps de la garde impériale. Les étins frappaient, les spadassins taillaient, les flèches perçaient leurs défenses, mais quand un tombait il était toute de suite tiré à l’arrière et remplacé. Leur ligne fléchissait mais ne cédait pas.

Quant enfin ils attinrent l’abri de la forteresse, Shelter chercha la magicienne et ne la trouva pas : seul son bâton abandonné témoignait de sa chute et quelques étins hébétés trônaient maintenant au sommet de la montagne de viande et d’os brulés.

Asturia sera anéanti, pensa le commandant paragon. Mais qu’y puis-je si sa compagne est devenue assez imbue d’elle-même pour croire triompher seule d’une armée ? Elle ne mérite pas d’épitaphe : la vaillance a une limite que l’on nomme stupidité. Amer, il ajouta pour lui-même : et dire que j’ai perdu au moins vingt hommes, vingt fidèles, vint braves parmi les braves. Quel gâchis !

Shelter pris quelques instant pour observer l’envahisseur à la faveur d’une accalmie. Leur ruée cachait un débarquement organisé, planifié, une connaissance des lieux impossible pour qui n’était ni tellurique, ni très haut placé dans la hiérarchie de l’Empire. Et dans la deuxième catégorie, personne n’avait intérêt à entrer en conflit avec les frères sauf… Oui, l’attaque ne pouvait venir que de ceux qui, à cause de la fronde de Syakalyl, perdaient une grande partie de leur influence. Et au loin, les pieds léchés par les vagues, il avait bien cru apercevoir leur emblème au milieu d’un groupe compact de gardes. Son maitre devait l’apprendre ! Et sa vengeance pourrait être terrible.

Il avisa un de ses lieutenants.

- « Je vais prévenir le seigneur Asturia qu’Imiria Lynn a succombé. Disperse nos compagnons, qu’ils se fondent de nouveau dans la masse des telluriques. J’ignore quelles seront ses consignes, cependant je vous donne à tous un seul ordre : restez en vie. »

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Message  Imiria Mar 18 Oct - 16:29

Brume et douleur. Des éclairs se propagent, partent de ma main, envahissent mon corps. Un drôle de bruit, en limite d’audition me perturbe : un grincement régulier, bois sur bois, proche. Je regarde. L’aube naissante rougit l’horizon. Un fauteuil, une forme, un corps. La vieille dame se balance sur son siège, sanglée, prisonnière. Elle fixe le soleil qui se lève, et peut-être aussi ces formes, ombres sur l’horizon.

Les ombres dansent, je danse avec elles. Elles fêtent une victoire, sont ivres de joie, insouciantes, soulagées. Je danse, et mon armure flotte autour de moi, grande, bien trop grande. Je danse, mais ne partage pas leur joie. J’ai peur. Une ombre immense m’observe, attend ma faute. Je sens le poids de son regard blanc, de son sourire caché sous une capuche noire.

Je fuis. Je cours aussi vite que le peuvent mes petites jambes. Je suis encore enfant. Le géant aux yeux blancs me rattrape. Très loin, je vois le salut, les deux hommes qui m’attendent. Mais plus je cours, plus ils s’éloignent. L’homme en noir va me rejoindre ! Je me retourne, je fais face, inutile bravade. Une géante rousse s’interpose. Elle tient un arc que je connais, un arc de bois vivant. J’essaie de me souvenir. Je les laisse se défier, je cours de nouveau.

Enfin arrivée ! Les deux hommes m’attendent, scrutent mes réactions. Mes pas sont lourds sur cette plage. Ma main me lance. L’un des hommes est jeune, grand, élancé, ses cheveux d’un blond très clair étincellent au soleil. Il tend les bras vers moi, m’invite à le rejoindre. Je fais un pas, il s’éloigne de deux. L’autre homme est vieux, trente ans au moins. Sa longue chevelure brune s’orne de fils blancs. Il crie, mais je ne l’entends pas. Il montre la mer, il a peur.

Je fais face à l’eau, les vagues lèchent mes pieds nus. Des monstres énormes sortent des flots, au moins dix, enfin je crois : je ne sais pas compter. Je discerne des cris derrière moi, le vieil homme sans doute.

- « Défend toi ! Défend la plage petite ! »

Je grommelle : je ne suis pas petite ! Je suis… je suis élémentaliste, élémentaliste feu. Ou plutôt je le serai, dès que ma main… Je la regarde. Elle est noire, brulée, mais surtout elle est vide. Où est-il ? Ou est qui ? Quoi ? Que me manque-t-il ? Les monstres me plaquent au sol. Leurs couteaux m’ouvrent le dos, lents, cruels. Ils veulent me désosser vivante ! Je lutte, je tends le bras, ouvre ma main : il devrait venir, il devrait me sauver, nous avons un pacte.

Rien. Je lève la tête, où sont les deux hommes ? Le plus jeune est parti, le plus vieux immobile. Il ne fait rien, ou plutôt si, il pleure. Comme si ça pouvait m’arranger. Mais quel est ce pays où on laisse écorcher les enfants ?

Une ombre dans le ciel, des ailes immenses, une odeur de feu. Les monstres me lâchent. Ils sont morts. Pourquoi ? Comment ? Le dragon s’éloigne, je m’assois, soulagée, dans un fauteuil à bascule, comme je les aime. Je me balance, regarde la mer, le lever du jour, les ombres qui s’éloignent. Je regarde ma main. Noire, vide, crispée comme pour attraper l’air.

J’essaie de me lever, les sangles me retiennent. Panique ! Je tends le bras vers le ciel, appelle. Délivrez-moi ! Mais le salut ne vient pas, ma main reste vide, et je constate avec horreur que le soleil ne se lève pas, que le crépuscule menace. Je sombre dans la nuit avant qu’elle ne tombe.
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Message  Imiria Mer 19 Oct - 14:32

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Loin, très loin, au plus profond de la nuit souterraine, le dragon de glace ne se lassait pas de jouer avec ses ailes enfin retrouvées. Le fleuve tumultueux des vies volées s’était tari. Près de lui Koosun, l’immense dragon de feu revenu d’entre les morts rayonnait de l’énergie transmise. Ses yeux brillaient de contentement et d’excitation. Autour, les yeux de vent, d’eau, de feu et de lave les regardaient, envieux de leurs corps retrouvés.

- « Votre mort est vengée maitre, mais c’était l’une de nos meilleures recrues : dommage de l’avoir perdue. »
- « Son âme n’a pas rejoint la rivière. Nous ne l’avons pas perdue, nous l’avons juste abimée. Si elle survit, elle nous soutirera de la force et nous reviendra. »
- « Refusez maître ! Il nous en manque encore tant. Et il nous reste trop à faire pour aider Primordus et réveiller les grands anciens. Passons-nous d’elle ! »

Le grand dragon soupira, tordit sa gueule en un rictus qui se voulait sourire.

- « Notre temps viendra, le temps où les hommes regretterons que leurs ancêtres aient volé notre magie. Je ne peux que les tromper, les pousser à nous servir, mais pas leur commander. Quant à elle, son don et son expérience ne permettront pas de l’asservir, sauf peut-être dans ses derniers instants. »
- « Les humains nous ont tout pris, qu’ils paient au centuple ! »
- « Patience mon jeune ami, patience. »
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Message  Calli Ven 21 Oct - 19:32

Le feu crépitait dans la pièce rectangulaire des appartements de Calli. Sur le ventre de la prêtresse apparaissaient de gigantesque hématomes bleus et noirs. Sa chute face à l'étin, la perte de sa petite sœur, et les reproches de Blanche ébranlaient son esprit. Elle perdait en assurance. Elle reconnaissait que son imprudence était la cause de tout.

Calli se releva, prit un long drap de soie et s'enroula dedans avant de se diriger aux bains. En chemin, elle croisa de nombreux gardes qui la regardaient perplexes et intéressés mais elle ne les vit pas. Son chagrin pesait sur son cœur. La prêtresse arriva dans la grande salle aux multiples bassins et se plongea dans l'eau chaude des sources.

Pas très loin de là, le garde Seyna marchait d'un pas mécontent. Il traversa toute la forteresse avant de se retrouver face à l'entrée des bains. Il n’hésita pas une une seconde et poussa la porte sans aucune gène.

- « Vous n'êtes qu'une idiote fonce-dans-le-tas ! Et maintenant, vous barbotez ?! Vous deviez reprendre votre service ! Les hommes se posent des questions sur ce premier front que vous avez mené ! » Il marqua un temps avant de reprendre en s'approchant du bord du bassin. « Je me demande si mon frère est encore en vie, il combattait à vos côtés ! Dîtes moi où est l'armée qui vous a accompagnée !! »

- « Toute mes hommes reposent en paix, ma sœur cadette avec. »

Le gaillard détourna le regard un instant. Il ne pleura cependant pas. Il s'assit près de Calli.

- « Ce bain est celui des femmes. Je devrais te punir de regarder ton supérieur en tenue d’Ève... »

De son gant, il attrapa les cheveux de Calli et tira doucement en arrière pour qu'il puisse chuchoter à son oreille.

- « Ce bain appartient aux femmes, oui. Mais tu m'as prit mon frère. Nous fêtions ses seize ans pas plus loin qu'hier. Il bouillonnait de vie. Alors, si je puis me permettre ma seigneurie, je refoule une furieuse envie de vous écraser la tête contre le rebord. On ne gaspille pas des vies, retenez le. Je ne comprends vraiment pas pourquoi l'on vous respecte. »

Il lâcha la chevelure de la femme. Calli se déplia, sortit du bain et enlaça le jeune garde. Seyna se trouvait dans la confusion la plus totale et il en tremblait fortement. Il avait proféré des menaces à un seigneur tellurique, et il ne venait que de comprendre son erreur. Il se voyait déjà hors de l'armée tellurique, rejeté. À la place de cela, il sentit clairement les sursauts dus aux sanglots de la prêtresse lovée contre son corps, nue comme un ver. Il passa ses bras autour d'elle et la serra contre lui en tâchant de la consoler. Il comprit rapidement que rien ne pourrait soulager cette femme de ses peines. Il chercha un excuse quelconque pour quitter la pièce le plus vite possible.

- « Je regrette de ne pouvoir rester plus longtemps, je dois préparer les soldats pour les combats à venir Dame Calli. »

Calli s'écarta de lui, ramassa le tissu de soie, s'enroula dedans. et lui tourna le dos. Une pensée traversa l'esprit du garde : " Cette femme n'est pas faîte pour cette vie là. "
Le jeune guerrier tourna les talons et partit aussi vite qu'il était venu. La prêtresse retourna à sa chambre. Des sillons se creusaient sous ses yeux, sur ses joues rondes et gracieuses. Elle saisit dans son armoire une lourde armure de cuir et d'obsidienne où de pesants boulets pendaient de la ceinture, puis l'enfila. Elle serra son corset avec force avant d'ébouriffer ses cheveux mi-longs. La tellurique ne prit pas la peine de ramasser ce qui restait de son ancienne robe sur le sol avant de partir.

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Message  Selene Swiftarrow Mar 15 Nov - 18:02

Selene regardait la poitrine se soulever doucement.
La belle robe dont elle s'était parée quelques heures auparavant était méconnaissable, déchiquetée par de multiples entailles, réduite à un amas de lambeaux brûlés. Les Moines lui avaient assuré avaient fait tout leur possible, mais malgré les puissants soins magiques dont ils disposaient, certaines plaies refusaient de se résorber. Ces derniers avaient alors émis l'hypothèse qu'elles tiraient leur origine d'une force plus puissante, ou encore qu'elles étaient un reflet de son état mental. Pour le moment, ils n'avaient trouvé d'autre solution que de poser des cataplasmes et des bandages dans l'espoir que son état ne se dégrade pas davantage.

Elle approcha une main, espérant toucher ce visage, mais retint son geste : Pouvait-elle encore se prétendre digne, elle qui avait failli au moment le plus important ? Sa vue se brouilla de nouveau lorsque les larmes perlèrent sur ses joues. Elle réfréna tant bien que mal un hoquet et observa entre deux sanglots la flamme qui irradiait du corps d'Imiria. Si faible ! A peine plus qu'une chandelle vacillante. Disparus les rubans de flammes qui dansaient en spirales chaotiques, disparues les explosions crépitantes qui accompagnaient ses humeurs... Lasse, les muscles endoloris, elle s'allongea face à sa sœur, approcha de son visage et écouta sa respiration. Au bout de quelques minutes, elle se fit plus saccadée et ses paupières frémirent, comme si elle luttait au sein d'un cauchemar. L'angoisse submergea Selene et les émotions ressurgirent, la noyant d'images de culpabilité...



Elle avait dévalé les escaliers à une allure effrénée. Derrière elle, le vacarme des pas résonnait mêlé aux bruit du bois des arcs qui s'entrechoquaient sur la pierre. Trop lents ! Il étaient bien trop lents ! Cela ne fit qu'accentuer davantage le stress qui l'oppressait. En tant que meneuse, elle dût se résigner à ralentir pour ne pas les semer. Son unité était composée d'une cinquantaine d'archers pris sur le tas. Elle ne connaissait aucun d'entre eux, mais espérait en tirer le meilleur parti pour surprendre l'ennemi par une attaque éclair sur son flanc. Cette stratégie de tirailleur devait permettre de désorganiser l'adversaire afin de permettre le repli des troupes alliées, car il devenait désormais évident au vu des forces engagées que la bataille allait tourner au siège.

En bas, l'agitation était à son comble. Dans un brouhaha d'ordres beuglés, d'entrechoquement de métal, de pas de course, des formations de soldats se formaient, des serviteurs passaient les bras encombrés de bassines d'eau et de linge, quand ce n'était pas d'un brancard, presque toujours occupé. Dans le hall de l'aile Ouest avait été dressé le camp de secours. Les Moines s'affairaient comme des acharnés, se relayant pour conjurer Dwayna dans sa grande miséricorde de leur accorder sa puissance afin de soulager les blessés. Certains des plus vaillants se relevaient désireux de reprendre le combat, mais leur état de faiblesse ne leur garantissait qu'une mort plus que certaine. Selene s'arrêta et ses hommes formèrent immédiatement un corps ordonné. Ce comportement réflexif était le résultat d'un entraînement rigoureux, mais il mit la rôdeuse mal à l'aise. La rigueur convenait parfaitement à une unité régulière, mais dans le cas d'une unité irrégulière comme la leur, c'était l'instinct et l'adaptabilité qui primaient. Laissant son unité sur place, elle se dirigea vers les soigneurs. Son regard inquiet scruta l'étendue des personnes allongées sur les paillasses de fortune installées jusque dans les couloirs, mais aucune trace d'Imiria, ni des sœurs Liphalia, pour le meilleur, essaya t-elle de s'en convaincre. Elle approcha d'une des moniale chargée du recensement, pour lui demander confirmation.

"Hmmm... Officier Imiria Lynn ? Non, elle n'est pas du nombre. Je n'ai aucune Liphalia non plus. Puisse Dwayna les protéger et Balthazar les guider au combat."

Plutôt Grenth dans le cas de Calli. "Quelles sont les pertes ?"

La moniale resta impassible devant la question et consultant ses parchemins, répondit d'une voix atone.

"Cent trente sept morts, deux cent quatre vingt douze blessés officier Swiftarrow."

Les nouveaux brancards qui défilèrent derrière elle firent passer le nombre au delà des trois cents.

"J'ai besoin de support pour effectuer une sortie. Avez vous des moines dont vous pouvez vous passer ?"

"Nous en passer non je le crains, mais si cela permettre de nous épargner plus de pertes, je dois pouvoir vous trouver deux personnes correspondant à vos exigences."

"Deux... Mieux que rien. Merci. Affectez les à mon unité."

Elle désigna le groupe armé raide comme des piquets, tourna les talons et partit cette fois à la recherche de parangons. La présence de ces derniers dans une configuration telle que la leur pourrait donner forme au chaos qu'imposait leur tactique de guérilla, passant aussi bien de l'offensive à la défensive. Elle en héla un qui s'occupait de réguler les mouvements. Un second vint se joindre spontanément. Sa cuirasse était cabossée de partout, et les nombreuses éraflures avaient rendu l'emblème peint sur son égide méconnaissable. La troupe à laquelle il appartenait avait dû retraiter sous le nombre des assaillants, mais il était loin d'être brisé pour autant. Lorsqu'elle revint vers ses hommes, ceux ci étaient toujours au garde à vous, ce qui eu pour résultat de l'exaspérer. Elle vint se camper devant eux et prit une profonde inspiration.

"Repos !"

Ils obéirent dans la seconde.

"Je ne vais pas faire de long discours. L'opération que nous allons mener est hautement risquée. Nous allons attaquer le flanc de l'ennemi par surprise puis les harceler. Ceci n'étant en rien conventionnel, vous devrez oublier tout ce pour quoi vous avez été formés. Finies les salves de tir coordonnées, fini l'attente des ordres avant de replier. Dehors c'est la guerre, et vous ne devrez compter que sur votre sens de l'observation et réagir en fonction de vos camarades. Faites le maximum de dégâts, surveillez vous les uns les autres et sachez agir de concert quand il le faut. Et surtout, pas de risques inutiles. Revenez en vie. Pour les Telluriques !"

Le cri fut reprit en écho.

Les tunnels étaient obscurs. Aussi loin que la lueur de sa torche portait, elle ne voyait que les ténèbres au bout. Pourtant une légère brise fraîche indiquait qu'ils ne devaient plus être loin de l'air libre. Peu après, elle fit basculer le rocher qui masquait la sortie dérobée et émergea sur un flanc en contrebas de la forteresse, alors que des gerbes de flammes vertes léchaient le bouclier magique, avant de s'évaporer dans l'air. L'onde de choc se répandait sur la surface, le faisant miroiter de reflets irisés. Levant les yeux Selene le compara à la coquille d'un œuf géant, un œuf dont le jaune serait la forteresse. Elle remarqua également les fissures qui en lézardaient la surface. Si le bouclier réparait ces brèches, les assauts répétés sur un même point commençaient à avoir raison de sa capacité de régénération... Elle s'attendait presque à voir le bouclier éclater comme une verrière, et les échardes d'énergie leur pleuvoir dessus, idée stupide mais qui la fit frissonner. Les cris des parangons rendirent leurs foulées plus prestes et légères, poussant la troupe dans un même élan vers la plage. Ils firent halte derrière une butte surplombant les lieux. Au delà s'étendait le champ de bataille féroce et impitoyable. Ils leur parvenait les cris, le crissement de l'acier, le fracas du bois qui rompait sous les coups, le sifflement des projectiles qui fusaient dans le ciel.

Elle avait bien vu comment la situation tournait du haut des remparts, mais contempler la bataille de si près lui coupa le souffle. Hébétée, elle laissa errer son regard sur l'étendue sablonneuse dont les corps s'amoncelaient jusqu'à la grève. Pelle mêle se trouvaient là aussi bien telluriques que barbares enchevêtrés dans la mort par leur lutte sanglante. Les épées et autres épieux brisés, plantés au sol donnait l'impression de stèles funéraires en hommage au massacre. Par là un Ettin mort, broyant un soldat dans ses bras. Ce dernier avait trouvé la ressource pour planter son épée dans le cou du bestiau et l'y vriller profondément avant que ses os ne cèdent. Plus loin, un parangon criblé de flèches avait posé genou à terre. Jusqu'au dernier instant il avait cherché à protéger les siens, son ultime cri figé sur son visage par la flèche qui transperçait son gosier. Sa main serrait la bannière des Nouveaux Telluriques qui flottait aux vents. Il y avait là bien plus d'assaillants tombés que de frères, mais cela ne renversait pas pour autant la balance en leur faveur. Certains de ses hommes tremblaient désormais. Elle ne leur en voulait pas, ne pouvait leur en vouloir. Aussi leur adressa t-elle un regard aussi calme que possible, puis hocha doucement la tête tout en encochant une flèche. Au contact du bois d'Urgoz, la pointe d'acier émit une légère vibration qui se propagea jusqu'aux doigts de Selene. Elle s'en laissa envahir pour ne faire plus qu'un avec la flèche. L'instant d'après, elle se dressa hors du couvert pour lâcher son trait sur un sauvageon armé d'une hache en croissant de lune, qui s'étala au sol les yeux exorbités. Les autres archers suivirent aussitôt pour faire pleuvoir la mort sur les ennemis, dirigés par les puissantes voix des parangons, alors que l'un des moines dressait une protection. Deux volées succédèrent faisant choir plusieurs dizaines d'adversaires avant que les tireurs en contrebas ne se mettent à riposter. Leurs arcs de corne étaient durs à tendre, mais la force de pénétration obtenue était d'autant plus grande. Selene ordonna le repli à couvert, puis la dispersion en deux groupes. L'un resterait ici pour attirer l'attention pendant qu'elle mènerait l'autre dévaler le flanc et surprendre les archers. La manœuvre fonctionna comme prévu et une multitude de cris s'élevèrent en réponse au barrage de flèches qui s'abattit sur eux, tandis que ceux qui étaient en hauteur s'occupèrent des fuyards. Pendant qu'ils se regroupaient, Selene fouilla une fois de plus la plage du regard, poussant ses sens à la recherche d'auras familières. Cependant, aussi loin qu'ils portaient, elle ne parvenait pas à localiser ses sœurs. En revanche elle perçut la vague des combats qui se déchainait aux alentours de la forteresse. La masse ennemie déferlait en une marée de peaux de bêtes, de vieilles mailles rouillées, de casques récupérés au fil des pillages vers les hauteurs où se tenait la ligne de défense tellurique. Une formation serrée de pavois et de pique devait encaisser le premier choc pendant que les élémentalistes et les archers à l'arrière feraient ployer les barbares sous une grêle de magie et d'acier. Une tactique qui devait grandement son efficacité à la configuration du terrain, mais qui ne pourrait sans doute pas venir à bout d'un tel nombre. Cela devait sans doute servir à gagner du temps pour mettre à l'abri les hommes et préparer la suite des hostilités. Ce furent ces réflexions qui éclairèrent soudain Selene. Une configuration de terrain, c'est ce que chercherait sans doute Imiria pour combattre. De ce qu'elle avait observé des remparts, il n'y avait que deux endroits possibles pour contrôler l'afflux près de la plage.

"En avant !" hurla t-elle en s'élançant.

Ce fut l'épaisse fumée qui attira son attention. Ici se dit-elle en piquant un sprint vers la formation rocheuse. Comme elle en approchait, l'odeur de la chair brûlée mêlée à l'âcreté de la fumée emplit ses narines. Quand elle y arriva enfin, elle fut accueillie par un tableau de désolation. Un énorme cercle calciné au sol délimitait le charnier où les virtuoses de feu avaient fait danser leur art. Un amas de plusieurs centaines de cadavres noircis parsemait cette toile macabre, recroquevillés dans d'affreuses postures, cherchant désespérément une bouffée d'air alors même que leurs poumons prenaient feu, ou encore agrippés à leur puissante armure dans une vaine tentative de s'en défaire alors qu'elle devenait leur pire ennemi, les rôtissant vivants... Du sol émanait encore de la chaleur, et en certains endroits la température avait grimpé si haut que le sable s'était vitrifié. Le point de contact était identifiable à la densité des corps, y compris de ceux qui arboraient le phénix et le dragon. Ils avaient tenu aussi longtemps que leur forces leur permettaient, mais le nombre avait fini par les submerger. A la vue de cette scène, certains rendirent le contenu de leur estomac. Même Selene qui avait pourtant l'habitude de voir les dégâts de la magie du feu dut réprimer un relent devant l'atrocité d'une telle démonstration. Nulle autre qu'Imiria n'aurait pu déchainer tant de puissance. La zone même irradiait des rémanences de son aura, mais d'elle nulle trace. Son cœur s'affola.

"Imi !" Elle s'époumona sans réponse. Tentant de garder son calme face à ses hommes, elle arpenta la zone à la recherche du moindre indice. Une main noire et desséchée tomba en cendres lorsque sa botte la heurta. Le reste du bras suivit quelques secondes après. Le grotesque reste d'épée planté à côté avait fondu comme cire et le métal s'était tordu et avait dégouliné tout le long.

"Un blessé ici !" cria un archer. La rôdeuse se porta en toute hâte vers le survivant, pour constater avec désarroi l'état critique dans lequel il se trouvait. La morsure d'un drake avait emporté les trois quarts de sa jambe gauche et il se vidait de son sang ; un miracle qu'il soit encore conscient. Un des moines s'agenouilla auprès de lui et canalisa de l'énergie divine. Cela ne suffirait sûrement pas à le sauver, mais au moins pourrait-il parler. A son tour Selene se pencha sur le soldat, et après lui avoir fait avaler quelques gorgées d'eau, elle le questionna.

"Nous allons t'emmener à la forteresse, mais avant j'ai besoin de savoir où est passée Imiria."

"l'Officier Lynn ?" murmura t-il

"Oui, elle était là je le sais. Que lui est-il arrivé ?"

"Je... je ne saurai dire... je l'ai vue tomber..."

Ces mots transpercèrent Selene... Elle serra les dents afin de ne pas s'emporter, mais au fond d'elle, quelque chose de tapi se réveillait.

"Tomber... C'est tout ?"

"... Un... Un ettin l'a frappée... Puis... je... je suis désolé..."

La respiration de la rôdeuse se fit haletante, et ses jambes flanchèrent sous on poids. Elle tomba à genoux, brisée. Les auras qu'elles percevait devinrent floues avant de s'estomper, alors que la forêt primale dans ses yeux dépérissait, la myriade de feuilles tombant avant de se ratatiner, les troncs se desséchant de leur sève, jusqu'à ne laisser place qu'à des cimes tordues bercées par un froid glacial. Au fond de la grotte une grognement rompit le silence...

Une secousse sur l'épaule et des sons étouffés la firent émerger. Par réflexe elle se dégagea de l'étreinte en roulant. Il faisait noir... Non quelque chose masquait sa vue. Elle retira le bandeau qui couvrait ses yeux et les garda mi clos pour s'habituer à la lumière. Avec la vue ses autres sens revinrent progressivement. Une personne s'approcha. La proximité de la menace la fit passer en garde, mais elle se rendit compte qu'il ne s'agissait que de l'un de ses hommes.

"Vous allez bien officier Swiftarrow ?" Elle ne répondit pas. "Si je puis me permettre, nous devrions rester mobiles sinon nous nous ferons repérer"

"Partez sans moi. Tu prends le commandement de la meute. Fais en sorte de continuer à harceler l'ennemi pour permettre aux troupes restées à l'écart de pouvoir se replier."

Le soldat voulu protester mais lorsque Selene le fixa dans les yeux, il se ravisa. La peur se lisait dans son regard... Oui il puait la peur.

"Partez. Maintenant."

La meute ploya et se retira hésitante, non sans se retourner pour jeter des regards inquiets. Elle attendit qu'ils aient disparus de son champ de vision pour se relever. Le vent soufflait plus fort dans les méandres de son âme, et les grognements avaient pris en ampleur. Elle approchait. Non, elle était déjà là, dans l'ombre, à l'affut, prête à bondir au moment adéquat. Mais au fond, cela importait-il désormais ?

Elle se cramponna son arc et même le chant de celui ci ne put apaiser son esprit envahi par la colère. A force de serrer, les jointures de des doigts étaient devenues blanches. Ses yeux balayèrent la plage et ce bref panoramique suffit à lui indiquer la direction de ce qu'elle cherchait. Au loin, dans un renfoncement à l'abri des tirs de catapultes, la bannière de commandement de l'assiégeant avait été dressée et claquait sous l'effet des violentes rafales venues du large. Elle ne fut aucunement surprise des couleurs ni du blason. En fait, elle se rendit compte qu'elle avait toujours su, et cela eut pour effet renforcer son envie de vengeance : Le phénix d'or renaissant sur champ de sinople allait brûler et de ses cendres elle ferait en sorte qu'il ne se relève jamais. Après avoir noué son bandeau au bras, elle se faufila silencieusement parmi les affleurements rocheux. Plus ses pas la portait, plus elle ressentait en elle l'emprise qui se resserrait, tournant autour, jouant avec sa proie, attendant patiemment une erreur. Mais en échange son champ de perception se faisait plus large, ses sens aiguisés captant désormais les subtiles odeurs de sang et d'hommes portées par le vent ou encore les échos de murmures qui résonnaient sur la pierre et qui provenaient de plusieurs mètres devant elle. Ils étaient là.

Deux soldats en cuir et un sauvage, postés en triangle pour surveiller les environs. A terre entre eux, reposait un cor. Il fallait donc se débarrasser d'eux avant qu'ils ne puissent sonner l'alarme, chose plus facile à dire qu'à faire. Le sauvage s'empara d'une gourde de sa ceinture, en tira goulument quelques lampées et la tendit vers l'un de ses voisins. Selene saisit à profit ce moment pour se glisser au plus près. Sa main tira quatre flèches hors du carquois. Elle en saisit une entre les dents et encocha les autres. Elle banda, retint sa respiration et pivota sur elle même pour avoir le champ de tir adéquat. Si le tir de barrage était efficace contre un groupes d'ennemis rapprochés, il avait pour défaut de ne pas faire dans la précision. Selene comptait sur la distance rapprochée pour augmenter la puissance d'arrêt afin de lui offrir le temps de terminer la besogne, mais elle n'avait pas prévu que l'un d'eux se baisserait juste au moment où elle se mettait à découvert pour ajuster son tir. La corde vibra et le premier se retrouva avec une flèche fichée dans la nuque. Le second prit l'impact de biais dans son casque à nasale pénétrant la protection et lui transperçant la joue. La troisième flèche siffla dans le vide. Sans leur laisser le temps de réagir, elle attrapa la flèche qu'elle mordait et fit feu sur le barbare en position accroupie, l'atteignant juste sous l'œil. Le survivant cria mais de ce fait se déchira la joue. Selene bondit vers lui pour le plaquer au sol. L'élan et le sol instable lui procurèrent les avantages nécessaires pour l'emporter. Le choc à terre fut violent mais elle ne lui laissa aucun répit, martelant la face de coups. Le sang éclaboussa son visage mais elle n'en avait cure. La bête avait faim et le faisait savoir... Elle dut forcer pour se libérer de l'emprise, mais ce bref instant de sauvagerie, avait suffi à fracasser le crâne du soldat en une masse sanglante d'os et de chair. Tremblante, elle contempla sa main rougie avec dégoût. Elle n'était pas ça non... Pas une bête incontrôlable, mais une chasseuse froide et méthodique. Pourtant la poussée d'adrénaline qui l'avait parcourue, et la puissance qu'elle avait ressentie était si tentante... Du bas de l'escarpement, des cris s'élevèrent. Pas le temps de réfléchir, il fallait improviser.

Elle approcha du bord avec prudence. Une étroite sente dévalait vers le sol et la troupe de barbares en faction au bout étaient sur le qui vive. Deux d'entre eux s'étaient armés de masses et de boucliers et entamaient la montée. A deux cents pas de là, le camp où devait se trouver la tête des opérations. Deux cents pas certes mais à découvert. Ils n'avaient pas choisi de monter le camp là par hasard. Quelques archers et élémentalistes postés en hauteur pourraient faire un carnage de tout ce qui approchait. Une chance pour elle qu'ils fussent occupés à combattre. La plage était de plus sillonnée par plusieurs patrouilles ce qui compliquait encore ses plans, mais ce qu'il l'inquiétait réellement, était le groupe qui se tenait juste devant l'entrée du camp. Leurs armures sombres étaient différentes des autres unités qu'elle avait pu observer, ouvragées et ornées de glyphes. Le masque qui recouvrait leur visage leur procurait un aspect encore plus sinistre. Néanmoins la nature de ce qui faisait autant douter Selene était toute autre : Il s'agissait de leur aura, une aura calme en apparence, fluide, lisse, et presque invisible. Elle grinça des dents et eut une hésitation. Pas une hésitation : Une peur instinctive. Pourtant elle ne pouvait pas reculer, pas après les vies qu'ils avaient prises, pas après Imi. C'est eux ou moi.
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Message  Imiria Sam 17 Déc - 15:11

Sans violence, mais fermement, elle écarta de son front la main du guérisseur tout en lui faisant comprendre que sa blessure somme toute bénigne ne justifiait pas qu’il y gaspille ses talents. Elle s’apprêtait à le rembarrer plus vertement encore quand le garde de l’infirmerie annonça d’une voie forte et un peu trop aigue l’arrivée du seigneur Syakalyl. La jeune rôdeuse se leva en hâte, prit juste le temps de dégrafer deux boutons de sa chemisette et gonfla sa poitrine.

- « Repos », ordonna en hâte le maitre des telluriques.

Isialle, l’une des seules capables de se lever, se maintint cependant au garde-à-vous.

- « Repos rôdeuse », insista l’élémentaliste. « Vous avez assez donné contre l’ennemi pour ne pas avoir à vous incliner devant moi. »

Accompagné de ses chiennes de guerre, Syakalyl poursuivit en l’ignorant, pion négligeable dans une partie qui, il le croyait surement, la dépassait. Il s’adressa aux moines en baissant à peine la voix, comme si l’opinion de ses sujets ne lui importait que peu.

- « Où en sont les seigneurs telluriques ? Ont-ils survécu à leur vanité, à la honte d’avoir sacrifié tant de vies ? »

- « La grande prêtresse Calli s’est retirée, répondit avec réticence le prêtre responsable. Elle est indemne mais sa famille a payé face aux envahisseurs. Je n’ai pas de nouvelle de la glorieuse Selene Swiftarrow Monseigneur. Quant à l’élémentaliste Imiria Lynn, elle repose toujours au fond de cette salle, inconsciente. »

Isialle emboita le pas au cortège officiel et découvrit en même temps qu’eux le corps agité de sa mère, caché derrière un rideau en fond de salle de soin. L’odeur ambiante était presque insoutenable, mélange de charogne et de chair brulée. Recouverte d’un simple drap l’élémentaliste semblait aussi inerte que les cadavres carbonisés qu’elle avait laissé derrière elle. Sa poitrine ne se soulevait plus qu’épisodiquement, au grand désespoir des moines chargés de la maintenir en vie. Ils avaient récemment débarassée l'élémentaliste des restes de sa robe et refait les cataplasmes. Seule sa main noircie par la brûlure du feu se crispait de manière régulière, comme mue par un ultime souffle de vitalité.

- « Elle n’en a plus pour longtemps » susurra Alatymia, aussi glaciale qu’insensible. « De toute façon elle ne vous servirait plus. Bon débarras. »
- « Quel dommage quand même », ajouta Alana, « elle aimait tellement le soleil et ses premières lueurs. »

Isialle se savait incapable d’aimer sans retenue son élémentaliste de mère. Mais l’entendre condamnée par des incapables la révoltait cependant. Elle tira son épée tourmentée et la leva haut.

- « Seigneur Syakalyl mon maitre, cessez de vous fier uniquement à ce que l’on vous décrit. Imiria Lynn n’est pas morte ! Regardez sa main ! »

Il ne fallut que quelques fractions de seconde pour qu’Isialle sente sur sa gorge l’acier des dagues et des flèches des deux chiennes de guerre. Elle cessa tout mouvement et attendit, suspendue au bon vouloir de son seigneur. Sans y prèter attention, elle remarqua seulement la forme roulée en boule sur la chaise, tout contre sa mère.

Syakalyl partagea son attention entre la jeune rôdeuse et Imiria. Cette dernière était inerte, si l’on exceptait cette main qui s’ouvrait et se fermait spasmodiquement. Sans doute un dernier réflexe, songea-t-il désabusé. Par contre, la sincérité du regard bleu azur et la vision du cœur battant et exposé de la rôdeuse le toucha.

- « Du calme mes chiennes de guerre », ordonna-t-il. « Je doute que cette glorieuse combattante en veuille à ma vie. Laissez-la s’exprimer. »

Puis s’adressant à Isialle :
- « Qui es-tu jeune tellurique, qui es-tu pour oser te dresser contre l’avis de mes si susceptibles conseillères ? »

La rôdeuse réunit tout ce qu’elle savait des hommes, tout ce qu’elle avait vu et appris de sa mère, toute la séduction et la sensualité de ses ancêtres. Puis elle y ajouta sa sincérité, sa jeunesse, son inexpérience et une pointe de provocation.

- « Je suis Isialle, Isialle Lynn, fille d’Imiria Lynn, élève de Selene Swiftarrow et corps et âme à votre service seigneur. »

L’élémentaliste ne broncha pas, comme insensible aux charmes déployés pour le séduire. Il lui fallut néanmoins un peu trop de temps pour enchainer et répondre ce qui n’échappa ni à la jeune rôdeuse, ni à la cour, ni aux proches du maitre de guilde.

- « Accompagnez-nous Isialle, fille d’Imiria. J’ai peur de devoir me passer pour l'instant du soutien de votre mère. J’espère que vous saurez la remplacer avec sagesse et courage dans les difficiles circonstances actuelles. »
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Message  Calli Dim 7 Mar - 23:30

Dans un calme religieux retrouvé, la grande prêtresse des Dieux descendait les marches de pierre qui menait à la haute tour comprenant ses appartements. En chemin, elle croisa de nombreux gardes qui vociféraient à son passage.

- « C’est sa faute si la défense de la forteresse n’a pas tenue. »
- « Il paraît qu’elle aurait perdu une de ses sœurs. Bien fait pour cette garce. »
- « Elle n’a que faire des vies de ceux qui l’accompagnaient ! »
- « Elle ne mérite ni le titre de prêtresse, ni celui de seigneur Tellurique. »

Calli écoutait tout en continuant son chemin, décidée. C’est alors qu’elle entendu une rumeur parmi les gardes qu’elle continuait d’écouter sur son chemin.

- « Imiria Lynn est tombée ! Elle est inconsciente. »
- « Où est-elle ? » demanda soudainement le derviche en attrapant le garde par l’épaule.
- « Elle se trouve au fond de la salle de soin, dans un état proche de celui de votre sœur décédée… » siffla-t-il entre ses dents en repoussant la femme. « Allez-vous-en, beaucoup ici ne veulent plus vous voir. »
- Votre vœu sera exaucé, je peux vous l’assurer. »

À grandes enjambée, Calli se rapprochait de la salle soin. Cette dernière était gardée et le passage lui fut refusé par deux gardes d’élites Telluriques postés de chaque côté de la porte. Ils portaient de lourdes armures en acier de Deldrimor, et leurs armes n’étaient pas celle des soldats Telluriques lambda.

- « Je dois la voir, laissez-moi rentrer. » assura Calli. « Je peux aider ».
- « Je suis désolé, vous n’avez plus aucun droit ici. Vous nous avez peut-être tous mené à notre perte par vos actions. L’officier Imiria est bien entouré : Le seigneur Syakalyl est avec elle, et des soins lui sont prodigués. »
- « LAISSEZ-MOI PASSER ! » cria alors la femme qui était jusque-là calme.

La porte s’ouvrit derrière les deux hommes et le grand seigneur Tellurique apparut accompagné de ses chiennes de guerre. Il toisa d’un regard méprisant la prêtresse. Lui aussi pensa-t-elle. Calli rentra alors dans la salle. L’odeur tout d’abord frappa son odorat. Puis elle observa la scène sous ses yeux : Isialle Lynn dans un état de tristesse et de colère. Le regard accusateur, encore, de tous tourné vers sa personne. Son amie Imiria respirait à peine, des spasmes provenaient de sa main droite.

Calli s’avança avant de se retrouver encerclée.

- « Je ne peux pas faire plus de mal que ce que j’ai déjà fait. J’ai mal agi, par ma faute la défense s’est organisé dans la hâte. Je suis responsable de la mort de mon unité et possiblement de l’état d’Imiria. Je reconnais mes erreurs. Si cela vous soulage, j’abandonne mon titre de seigneur Tellurique, mais laissez-moi m’approcher de mon amie. »

Syakalyl hocha la tête et ordonna à tout le monde de s’écarter. D’un pas lent, Calli s’approcha et attrapa la main subissant les spasmes de son amie de ses deux mains. Une fraction de seconde se passa, elle relâcha aussitôt l’élémentaliste. Un sourire se dessina sur ses lèvres comprenant qu’elle n’était pas la seule en contact avec des créatures qui la dépassait. Syakalyl prit alors la parole.

- « Calli Liphalia, prêtresse de Vabbi, je te destitue de ton rang. Tu as mené cette bataille à ce résultat. Je dois cependant admettre que ton attaque aussi désorganisée fût-t-elle, nous a permis de gagner du temps. Mais dans ton sillage, la mort nous a frappé fort. » déclara-t-il sur un ton solennel.
- « Je ne souhaite pas vous manquer de respect, Seigneur. J’accepte cette sanction et je vais même plus loin. Je me retire de ce Royaume. »

La stupéfaction se peint alors sur tous les visages de l’assemblée. Calli continuait de sourire. Elle posa sa main sur le visage d’Imiria, une vague divine frappa l’ensemble des personnes rassemblés dans la pièce. Cette aura dissipa l’odeur de la pièce, la colère, la tristesse, la douleur : tous les sentiments négatifs.

- « Lyssa vous a débarrassé de vos sentiments inutiles. Cela vous donnera le recul nécessaire avant que vos peines reviennent. Tout cela n’est qu’illusion. » dit-elle à l’audience autour d’Imiria. « Merci de m’avoir suivie après ma défaite, laisse-moi prendre certaines de tes douleurs mon amie. J’espère que cela suffira à ce que tu vives, ou à simplement apaiser tes souffrances. »

Dans un mouvement tendre et lent, elle posa son front sur celui de la blessée. La main droite de Calli devint brulante et noircie pendant que celle d’Imiria s’agitait de moins en moins tout en redevenant blanche et saine. La prêtresse commença à trembler très fort avant de se décoller de l’élémentaliste en titubant après s’être relevée péniblement. Elle avançait lentement en direction de la sortie et personne ne l’arrêta.

Une fois dans le hall, Violet accourue auprès de sa sœur, suivi par Blanche qui marchait d’un pas nonchalant.

- « Blanche, souhaiterais-tu m’accompagner pour me voir mourir ? »
- « Rien ne me ferait plus plaisir que d’être là à cet instant, mais je ne comprends pas le délire que tu me sors en ce moment. Même si je te hais, le fait que Bridgess soit morte suffit. Je ne veux pas en supporter davantage. »
- « Tu iras aux remparts, tu comprendras. Tu vas retourner la situation avec les Telluriques et ces attaques. Tu seras l’héroïne de cette histoire. »
- « Et que seras-tu, toi » demanda avec inquiétude la ritualiste.
- « J’aurais accompli mon rôle : Protéger, servir, aider, donner. Et pour arriver à ce résultat, ça va tout me prendre. »
- « Tu vas encore te lancer dans quelque chose d’inconsidéré ! »

Violet enlaça très fort son aînée. Calli entoura sa sœur de ses bras, laissant voir l’état de son bras et de sa main droite à Blanche en souriant. Blanche observa de ses yeux perçant la main puis le visage de Calli. En pleine réflexion suite à ces indices, la nécromante comprit : la derviche allait mourir et sa résolution était immuable, décidée, implacable. Rien ne pourrait l’empêcher d’aller au bout. Calli n’avait pas sa faux, cela signifiait un pouvoir complet, destructeur et non bridé. Mais sans sa faux, elle n’attaquerait pas.

Blanche commença alors à avoir la voix vacillante, chose inhabituelle. Elle ne dit qu’une seule chose.

- « Pour notre famille, pour nos frères du royaume Tellurique. Que tous reposent en paix, toi compris. »

Elle tendit la main à la prêtresse qui la saisit de sa main brulée. Une énergie de mort surpuissante explosa dans le hall. Blanche reçue un pouvoir incommensurable mais à double tranchant. Ses yeux d’un bleu perçant brillèrent plus que jamais. Elle garda le regard fixe sur Calli et lui sourit en pleurant. Elle se comprenait enfin.

*************************************

En dehors des murs, toutes créatures mortes, humaine ou non, se relevèrent soudainement et se jetèrent sur les envahisseurs. Ces derniers, pris par la peur fuyaient ce combat. Les cadavres écrasèrent la majeure partie des forces ennemis en explosant, contaminant, purulent, mordant. La mort, ce pouvoir de ranimer un court instant, poussé à son paroxysme par la force vitale de Calli et la bénédiction de Grenth aurait pu mettre fin à cet assaut tant l’ampleur de ce pouvoir fut déroutant et écrasant pour les ennemis des frères du Royaume.

******************************************

Enivrée par ce pouvoir, Blanche lâcha la main de sa sœur avant de monter sur le rempart au pas de course. Elle ne put contenir un rire tout en pleurant devant le spectacle de ce que son pouvoir engendrait à l’extérieur. Elle rit longtemps, les gardes s’écartant de la folie qui l’animait. Elle détacha ses deux nattes, relâchant ainsi ses cheveux violet mi-long. Elle put observer les etins morts se relever les uns après les autres, et frapper leurs propres alliés.

- « Quel pouvoir ma sœur, quel pouvoir tu avais en toi ! » s’exclama-t-elle en riant toujours plus fort. « Détruisez les bateaux qui ont accostés, empêchez leur retraite. Tuez pour renforcer vos propres rangs, mes créations ! »

Les lourdes massues des monstres frappèrent les coques des bateaux, on entendait parfaitement ces bruits sourds du rempart. Les embarcations ne reprendraient pas la mer.

Les envahisseurs tardèrent à comprendre d’où cela venait. Mais lorsqu’ils identifièrent la nécromante, un lance harpon non cordé sur un bateau la visa et tira. Le harpon se planta juste à côté, mais finalement ce fut une nuée de ces harpons qui s’abattu sur la position de Blanche. Un harpon atteint directement son abdomen, puis un autre lui éclata le crâne.

Après Bridgess, Blanche décéda donc violemment. Les morts redevinrent des morts.

******************************************

Lorsque Blanche partie, la prêtresse s’affaissa dans les bras de Violet. Calli Liphalia poussa son dernier souffle en affichant un sourire étrange. De nombreux frères virent la prêtresse mourir, de nombreux frères virent les morts réanimés détruire et saccager les armées ennemies. Peu virent la mort brutale de Blanche Liphalia.

Ce qui devait être le réveil des Telluriques fût également le tombeau de trois des quatre sœurs Liphalia.

Peut-être que personne ne comprendra ce qu’il s’est passé, ce que Calli a sacrifié. Violet n’eut pas le choix de comprendre. Elle n’eut pas le choix de subir et d’encaisser la perte de la quasi-totalité de sa famille, de la totalité de ses sœurs.

Quels souvenirs seront gardés de la fin de cette lignée ?
Calli
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